jeudi 31 juillet 2014

Une mort ambiguë (1/3)


Comme chaque été je vous propose de lire ou relire, sous forme de feuilleton, quelques textes qui éclairent ou évoquent la figure de Gide par la bande.Dans Une mort ambiguë, Robert Mallet propose en 1955 ce qu'il appelle une « méditation vécue », à partir de la leçon gidienne qui, dans son ambiguïté, est le symbole même de la vie : « Robert Mallet, en face du oui de Claudel et du non de Léautaud — que les circonstances lui permirent de bien connaître également — précise la valeur du peut-être de Gide. On voit apparaître dans son livre d'autres écrivains contemporains dont il discute les agissements ou les opinions sans mettre plus de fausse pudeur à traiter de l'homosexualité que du militarisme, aussi compréhensif pour les croyants que pour les athées, et mêlant les développements d'un moraliste aux souvenirs très animés d'un auteur de Journal. Robert Mallet pose le problème de l'inquiétude individuelle et sociale que les hommes dont il parle ont cru pouvoir résoudre dans l'affirmation, la négation ou le doute. »





« Il avait écrit dans un de ses derniers cahiers qu'il ne voulait pas être incinéré. C'était le seul texte auquel on pût se référer. Il n'avait fourni aucune autre précision sur le genre d'obsèques qu'il désirait. On écarta donc d'office la solution du four crématoire. Quant au lieu de la sépulture, il sembla à ses neveux comme à ses meilleurs amis qu'il devait être le cimetière du petit village normand où reposait déjà sa femme. Sa fille et son gendre se rallièrent raisonnablement à cet avis. Afin de détourner la foule de la cérémonie, on annonça qu'elle se déroulerait le lendemain du jour où elle devait réellement avoir lieu.

Je me chargeai d'emmener Léautaud qui voulait y assister. C'était une journée de fin d'hiver. Un vent violent soufflait, qui venait de la mer toute proche et secouait les rangées de hêtres derrière lesquels se cache le château de Cuverville, où le cercueil avait été déposé. Nous arrivâmes un peu en retard. Le convoi funèbre débouchait du parc et s'avançait sur le chemin de terre qui, à travers une plaine labou­rée, mène jusqu'au cimetière. Des hommes le pré­cédaient, marchant à reculons : l'essaim des photo­graphes et des cinéastes. En tête, un drapeau trico­lore. Léautaud eut un sursaut :
— Qu'est-ce que ça vient faire là ?
Je lui dis que ce devait être la représentation des anciens combattants de Cuverville. Il gronda :
— J'ajouterai un codicille à mon testament : pas d'anciens combattants à mes obsèques !
Puis :
— Il paraît qu'ils se sont si bien battus. Ils ne sont donc pas tous morts ? C'est bien dommage !
Léautaud savait que j'avais été combattant et ne se privait jamais du plaisir de dire devant moi tout le mal qu'il pensait de ces associations où se regroupent para-militairement des hommes qui semblent vouloir prolonger les mauvais souvenirs et le pas cadencé. D'ailleurs il ne me choquait pas.
Sur ce point je partageai son opinion. Et je lui répondis :
— Je suis heureux qu'ils ne soient pas tous morts. Cela me permet d'apprécier votre façon de les remettre à leur place.
— En tous cas, reprit-il, leur place n'était pas à cet enterrement !
Le cercueil, selon la coutume locale, était porté sur un brancard par quatre fermiers de Gide auquel Gilbert en larmes prêtait main-forte. On l'avait recouvert d'un drap noir orné d'une grande croix d'argent. Les enfants des écoles l'encadraient, tenant des bouquets de jonquilles, de perce-neiges et de violettes. Derrière le cercueil venait un homme en toge noire avec un rabat blanc, qui portait un gros livre sous le bras.
Léautaud, toujours aussi agressif :
— Quel est ce déguisé ?...
Apparemment c'était un pasteur. Ceux qui avaient assisté à la levée du corps au château me le confir­mèrent. On les avait réunis dans le grand salon où avait été exposé le cercueil. Là, après avoir lu des passages de l'Évangile, cités par Gide lui-même dans un ouvrage qui, à l'époque, avait pu faire croire à l'imminence de sa conversion, le pasteur avait évoqué la mémoire de l'épouse dévouée que venait retrouver dans le cimetière de Cuverville celui qu'elle avait si chrétiennement aimé.
Léautaud continuait de maugréer en prenant rang derrière la famille et les intimes. Il coudoyait le curé de la paroisse et le maire de la commune. Le convoi se terminait par la population endiman­chée du village. J'entendis une grosse fermière parler à sa voisine de « Monsieur Gilles ». Ici l'on semblait écorcher les noms et les principes.
Parvenu au cimetière, le cercueil fut déposé au-dessus de la fosse que les enfants des écoles entourèrent.

Le porte-drapeau se plaça du côté de la tête en incli­nant la hampe de son étendard. Le pasteur vint se placer contre le porte-drapeau ; il ouvrit son livre et lut des textes évangéliques en s'efforçant de gar­der un ton de simplicité que l'habitude de l'emphase rendait timide. Au fur et à mesure qu'il parlait, il prenait de l'assurance et haussait le ton, tandis que le porte-drapeau redressait sa hampe. Beaucoup plus petit que le porte-drapeau, il semblait être protégé par l'étendard dont les franges d'or effleuraient sa nuque. Il leva sa main prédicante et prononça des paroles qui signifiaient qu'en face de Dieu, Lumière des Lumières, l'intelligence la plus lumineuse éprouve son infirmité. Les phrases coulaient de source ; elles étaient prononcées comme ces évidences qui n'ont besoin ni de commentaires ni de renforts oratoires. Un rayon de soleil inattendu vint illu­miner le visage blanc du pasteur et les couleurs pâlies du drapeau. Le rapport entre les paroles et l'ensoleillement soudain me parut être le comble de l'art, ou de l'artifice, d'un metteur en scène dont on n'aurait su dire s'il faisait du lyrisme ou de l'hu­mour. Léautaud me jeta un coup d'œil où je lus : « Qu'est-ce que c'est encore que cette comédie ? »
Surpris, je regardai Martin du Gard. Il me répondit par un regard indigné. Jean Schlumberger avait le visage crispé. La fille de Gide ressemblait à quelqu'un qui prend son mal en patience mais n'en pense pas moins ; son gendre s'efforçait de paraître impassible.
Les photographes, debout, accroupis, agenouillés, plaqués contre le sol boueux ne perdaient pas l'occasion d'un si beau cliché : le cercueil du liber­taire, de l'immoraliste, du pédéraste, du pacifiste, de l'agnostique placé sous la protection du ministre d'un culte, abrité par un étendard, avec un piquet d'honneur d'écoliers.
Tandis que le pasteur récitait : « Notre Père qui es aux cieux... », Léautaud ne se contint plus :
— On ne peut donc pas être enterré comme on veut ? C'est une honte !
Je murmurai à son oreille, pour le calmer :
— On n'a pas su ce que voulait Gide...
Et lui, péremptoire :
— Sûrement pas ça !
Dominique Drouin, le neveu et filleul de Gide, héritier depuis 1938 de la propriété de famille, prit la place du pasteur et fit une allocution d'ordre « local ». Il rappela les liens qui unissaient Gide à Cuverville et voulut montrer comment s'expli­quait que l'homme public fût revenu s'inscrire dans ce cadre rural et familial.

Ce fut ensuite le dernier défilé des amis devant le cercueil. Léautaud, qui avait apporté un bouquet d'œillets rosés, le déposa sur la bière. Contre le mur extérieur de l'église, la famille s'était alignée pour recevoir les condoléances. Le pasteur s'était joint à elle, selon l'usage du culte protestant. Il rece­vait, lui aussi, les congratulations. En passant devant lui, je m'inclinais sans prendre la main qu'il me tendait. J'obéissais ainsi à un sentiment complexe : mécontentement, gêne, désir d'être conforme dans mes gestes à ma réticence spirituelle. Je remarquai que derrière moi Léautaud, tout indigné qu'il eût paru être, serra sans hésiter la main du pasteur alors que, de sa part, je m'attendais au pire, c'est-à-dire à un propos malsonnant lancé au visage de l'anima­teur de la comédie. Je lui dis assez méchamment, à sa manière :
— Tiens, vous avez serré la main de ce pasteur que vous traitiez une minute plus tôt de pantin ?
Peut-être étais-je aussi agressif parce que, dans le confus de ma réaction discourtoise en face du pasteur, je sentais qu'il y avait eu aussi la crainte inconsciente d'être l'objet des sarcasmes de Léautaud. Et je lui en voulais de m'avoir ainsi dupé puisqu'il est admis que lorsque nous nous trompons sur les autres nous avons été trompés par eux. Il me répondit : « Je ne pouvais pas faire autrement puis­qu'il me tendait la main. Il ne faut tout de même pas être malhonnête ! »
— Vous n'avez pourtant jamais craint de l'être. Il redevint furieux :
— Malhonnête, moi ? Jamais ! Je dis ma façon de penser quand ça me plaît. C'est différent.
— Non, car lorsque votre façon de penser cor­respond à ce qui paraît malhonnête aux autres, vous la dites quand même. Vous appelez honnête, en somme, tout ce que vous avez envie de dire ou de faire.
— Vous déraillez, mon ami ! D'ailleurs, ce pas­teur, je ne peux pas lui en vouloir : il n'a fait que son métier.
Cette objectivité de Léautaud, au fond, je la par­tageai. Je ne pouvais en vouloir au représentant d'un culte dont je respectais l'idéal, car il était évident qu'il ne s'était pas imposé et qu'on l'avait prié de venir.
Martin du Gard, très ému, dit avec solennité :
— Au nom des amis de Gide, je proteste publi­quement.
Le cimetière se vida aussi vite qu'il s'était rempli. La famille et les intimes regagnaient le château. Les journalistes se précipitaient vers les autos pour rentrer à Paris ou téléphoner du bourg voisin leurs comptes rendus. Les villageoises avec leurs enfants reprenaient directement le chemin des fermes. Les hommes passaient par l'auberge voisine pour y boire un verre ou jouer aux dominos. Le porte-drapeau remettait dans son étui l'emblème qu'il ressortirait à la prochaine fête locale. Le pasteur, affecté par les réflexions qu'il n'avait pas manqué d'entendre, suivait la famille. Il demandait à Béatrix Beck, la dernière secrétaire de Gide :

— Enfin, vous qui l'avez approché juste avant sa mort, avez-vous l'impression qu'il aurait été hostile à cette cérémonie?

Béatrix Beck en avait l'impression. Elle essayait de se faire comprendre du pasteur chez qui je croyais déceler plus de scrupules que je n'en aurais trouvé chez un prêtre catholique. Le prêtre, me semblait-il, ne serait pas « revenu en arrière » ; il aurait eu le sentiment du devoir accompli, la satis­faction d'avoir « sauvé les meubles » malgré la mauvaise volonté des propriétaires. Il aurait agi en représentant d'un Maître, non pour son compte personnel. Il n'aurait rien eu à se reprocher, bien un contraire. La sensation de l'avoir emporté de haute lutte, et de justesse, aurait été pour lui la meilleure des récompenses. Le pasteur, lui, se débattait avec sa conscience, à titre privé. Il n'était plus qu'un homme en proie à ses propres doutes, en dehors de son ministère. Je ne l'en estimais que davantage. (On aurait dit un pasteur mis en scène par Gide, — n'était-ce pas cela, d'ailleurs ?)

Nous atteignîmes le parc du château. Sous le cèdre géant qui abrite en l'obscurcissant une partie de la demeure, un groupe s'était formé. On y parlait fort, avec de grands gestes. Dominique Drouin devait faire front aux assauts conjugués de Schlumberger et de Martin du Gard qui le rendaient responsable du déploiement liturgique.
Drouin. — Je n'ai pas trahi Gide. L'enterrement à Cuverville exigeait certaines formes.
Martin du Gard. — Il n'a jamais exprimé le désir d'être inhumé ici.
Drouin. — Son silence à ce sujet était une accep­tation tacite.
Quelqu'un. — C'est vraiment trop commode d'in­terpréter ainsi le silence ! Le silence laissait planer le doute. Dans le doute il fallait s'abstenir.
Quelqu'un d'autre. — De toutes manières, il fallait opter pour une solution qu'il n'avait pas indiquée.
Drouin. — Si on ne l'avait pas ramené ici, où l'aurait-on enterré ? Dans le cimetière parisien où sa famille possède un caveau ? A Cabris ? Nous avons écarté ensemble ces solutions. Nous avons tous été d'accord pour qu'on l'enterre à Cuverville.
Martin du Gard. — Peut-être. Mais pas pour qu'on l'enterre avec la participation d'un pasteur !
Drouin. — On ne pouvait faire autrement ici. Les gens du pays ne l'auraient pas compris.
Martin du Gard. — Alors, si vous aviez prévu cela, il fallait le dire et conseiller de l'enterrer ailleurs.
En moi-même. — II ne s'agissait pas de ménager les Cuvervillois de préférence à Gide qui n'appar­tient pas à Cuverville mais au monde. Il était tout de même bien audacieux, pour ne pas le compro­mettre aux yeux de quelques villageois, d'accepter de le compromettre devant son immense public.
Je pensais cela, mais immédiatement je me répli­quais :
— Cette inhumation religieuse et conformiste n'engage pas Gide. Il est mort à l'écart de toute religion. Sa mort est sans compromission. Ce que certains de ses proches ont cru bon de faire ne peut entacher sa pensée.
Je répliquais à ma réplique :
— Sans doute, mais l'opinion publique est-elle capable d'éviter la confusion ? La compromission n'existe-t-elle pas simplement parce qu'on croit qu'elle existe ? Les photos ne donnent-elles pas le caractère du vécu et, par conséquent de l'indéniable, à des faits dont seuls les gens bien informés peuvent connaître l'origine ? Une certaine propagande ne va-t-elle pas se saisir de cette parade religieuse et tricolore pour proclamer que Gide était demeuré prisonnier des idoles bourgeoises ? N'est-ce pas finalement le trahir que fournir à ses détracteurs l'occasion de faire comme s'il s'était lui-même trahi ?
Martin du gard (toujours soucieux de ne pas blesser son prochain) :
— Soyez sûr, Monsieur le Pasteur, que ce n'est pas vous que j'incrimine.
Drouin. —Alors, c'est moi ?
Martin du Gard. — Eh oui !

Drouin fit alors valoir ses arguments les plus solides, tout en s'efforçant à une réserve que lui dictait la présence de la fille de Gide.
— Qui oserait dire que mon oncle n'était pas pas fidèle au souvenir de son passé à Cuverville ?
(Il disait : « à Cuverville », pour ne pas dire : « avec sa femme ».)
J'étais bien placé pour savoir que Gide avait conservé pour celle-ci un sentiment de tendre et profond respect. Quelques mois plus tôt, je l'avais vu pleurer en évoquant le caractère aimant et le dévoue­ment (il avait même employé les mots « quasi sainteté ») de celle qu'il avait, « peut-être, tant fait souffrir » (ce « peut-être » était un euphémisme dont je n'étais pas plus dupe que lui), « sans l'avoir prémédité, à son corps défendant » (cette dernière expression reprenait sur ses lèvres toute sa valeur imagée).

Drouin expliqua en quoi de nombreuses confidences de son oncle lui permettaient d'assurer que celui-ci avait prévu que s'il mourait à Paris il serait inhumé près de sa femme à Cuverville.
Un intime de Gide dit :
— Il vous a fait ces confidences-là. Pas à nous.
Drouin ne l'entendit pas et continua son plaidoyer, mais s'il l'avait entendu, il aurait pu lui répondre :
— Il était normal qu'il parlât ainsi à celui qui était à la fois son filleul dans le culte protestant, le neveu de sa femme, et l'habitant de Cuverville, plutôt qu'à des amis sans attache avec Cuverville et davantage orientés vers son autre famille. Il était fidèle à sa délicatesse habituelle. »


Une mort ambiguë, Robert Mallet
NRF, Gallimard, 1955, pp. 139-148



Paul Léautaud entrant au Vaneau le lendemain de la mort de Gide
(image du reportage des Actualités françaises du 22 février 1951)

dimanche 27 juillet 2014

I falsari, opéra d'après Les Faux-monnayeurs

Le 24 juillet dernier a eu lieu la création de I Falsari, opéra multimédia de Pierre Thilloy tiré des Faux-monnayeurs de Gide. Le compositeur s'est souvent laissé inspiré par les œuvres de Gide : on doit notamment à Pierre Thilloy la partition intitulée Ainsi soit-il, un quatuor à cordes avec récitant tiré des Notes sur Chopin,ou encore une musique pour le film Le voyage au Congo.


THE COUNTERFEITERS (Les Faux-Monnayeurs)

Opera by Pierre Thilloy based on a text written by André Gide

André Gide (1869-1951) was already a famous writer, well-known for his provocative and scandalous positions, when he published his first real novel, The Counterfeiters (Les Faux-Monnayeurs) in 1925 in the Nouvelle Revue Française. With its many characters and intertwining plotlines, it is a subtle play on mirroring: a novel-within-anovel with Edouard (the alter ego of Gide) intending to write a book of the same title. In the middle of the novel we read: “I invented the novelist who is the central character; the subject of the book is the fight between what reality offers him and what he would do with it instead”. The complex structure of the novel interweaves stories of young people, their falls and achievements. The common thread in Gide’s kaleidoscopic reality is the revelation that humankind has a moral and spiritual responsibility. This world of illusion, the 'dream-within-a-dream', that André Gide so loved is mirrored in the composition technique and execution of Pierre Thilloy, commissioned by the artistic direction of the 39° Cantiere for this ambitious new production which joins live musical execution with virtual expression in a multimedia project rich in originality.

“This opera intends to be un peu du vent” explains Thilloy – it is an airy opera because everything lives through illusions. This perspective is the connection with the chosen theme for this year’s Cantiere: Air.
As Ramuz said in his Souvenirs sur Stravinsky, it is practically impossible to produce a show entirely faithful to André Gide's original work, if for no other reason than the sheer number of characters which would automatically make it impossibly expensive. For this reason the Fondation Catherine Gide, the show's commissioner, invited the French playwright J.P. Prévost to write an adaptation.
Thilloy's composition for I falsari is perfectly coherent with the novel's structure and enhances its continuous illusions by proposing a new sound concept for opera: the voices are reworked using an electronic support.
The previously recorded performances are digitalized and modified in postproduction: the tracks are played during the theater performance in an audiovisual version and are fully inserted into the live performance. Even the acoustic interpretation of the strings and piano is enriched with electronic sequences, in an attempt to both explore and reach beyond the limits of the various musical styles. This is, therefore, a creative analysis by the composer Thilloy who imagines various languages describing themselves and as Gide's text is influenced by mathematical theories, in particular by the fractal theory, the composer has given us scientifically inspired music, closely connected with the intrinsic characteristics of electronic structures. At the same time, the video projections interact with the live performance, revealing an artistic short circuit which requires sound planning in the composition phase and precision in the performance phase. The opera is at one and the same time both real and virtual: in fact, some of the roles have been previously filmed and the registrations have been integrated into the video material as have the stage scenes painted by Christian Gardair who also produced the video base and provided the off-stage voice of Gide and all the epistolary parts of the libretto.


THE COUNTERFEITERS (Les faux-monnayeurs) by Pierre Thilloy
based on a André Gide text
Ensemble Kords
Vincent Monteil, conductor

Guy-Pierre Couleau, direction, scenes, costumes
Coproduction Fondazione Cantiere Internazionale d’Arte
and Comédie de l’Est-Centre dramatique National d’Alsace
in collaboration with Fondation Catherine Gide e Kords


(Source : site du Cantiere internazionale d'arte)

mardi 15 juillet 2014

Aspects de Gide, une enquête de Jeux en 1936




De la petite revue Jeux, dirigée entre 1935 et 1937 par Georges Ardiot, les Gidian Archives ne conservent qu'un article d'Henri Ducorbier sur le Retour de l'U.R.S.S. paru en janvier 1937. Or la revue a consacré presque l'intégralité d'un de ses numéros à André Gide : le numéro 16 de juillet 1936. Numéro retrouvé par Mikaël Lugan, du blog Les Petites Revues, mine bibliographique pour le chercheur hors des sentiers battus.

Le dossier Gide prend la forme alors assez courue des enquêtes sur Gide :

"Il ne s'agit pas de faire un panégyrique ni son contraire, encore moins de préparer un dosage bien équilibré d'opinions et de jugements pour plaire au plus grand nombre.
Non ! Je voudrais obtenir un document indiquant ce qu'à une certaine époque (en l'occurrence 1936), certaines personnes, de celles que je puis atteindre dans mon entourage, portaient en elles concernant André GIDE."
Georges Ardiot n'allait pas atteindre des noms très célèbres (notons tout de même Georges Hyvernaud), mais les réponses n'en ont pas moins de saveur, ni moins de poids pour peser dans le dossier « Gide vu par... » qui s'étoffe encore un peu davantage. Merci, donc, à Mikaël Lugan de nous avoir non seulement signalé ce cahier gidien des Jeux, mais encore de nous en permettre la lecture dans son blog. Exhumant du même coup une linogravure assez peu connue de J.-C. Rousseau.





mardi 1 juillet 2014

Portraits de Taxis-Gide

Dans Les Aventures du roi Pausole, le Grand-Eunuque chargé de veiller sur le harem du roi porte le nom de Taxis – l'ordre, en grec. « Le huguenot Taxis », que Pierre Louÿs décrit comme « étriqué, méticuleux, de profil concave et d'œil fourbe. » Bref, « […] le rôle toujours nécessaire du Personnage antipathique », auquel il oppose la malice d'un Giglio. Et qui concentre la haine de Louÿs contre le protestantisme, pourfendu en tant qu'ennemi de la libération des mœurs.

On aura bien sûr reconnu Gide, l'ancien ami, sous les traits de Taxis.

Paru en feuilleton dans Le Journal du 20 mars au 7 mai 1900, repris (et corrigé) en volume en 1901 chez Fasquelle, le roman connaît une version illustrée en 1908 dans la Modern Bibliothèque d'Arthème Fayard, collection populaire à quatre-vingt-quinze centimes. Y sont reproduites, en noir et blanc, des aquarelles de Carlègle, alias Charles-Emile Egli*.

La caricature de Gide-Taxis par Louÿs peut alors se doubler de celle par Carlègle.

















Merci à D.G. de nous avoir prêté un volume relié des œuvres de Louÿs parues chez Fayard, qui nous a permis de retrouver ces caricatures méconnues.

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* Voir sur cet illustrateur ce billet du bibliomane moderne.