vendredi 30 mai 2014

Exposition André Gide / Saint-John Perse : une rencontre insolite



Une rencontre insolite 1902 – 1914
André Gide - Saint-John Perse

Du 20 juin au 25 octobre 2014

Exposition conçue et réalisée
par Jean-Pierre Prévost

 
Fondation Saint-John Perse – Cité du Livre
Entrée libre du mardi au samedi de 14h à 18h
8-10 rue des Allumettes - 13100 Aix-en-Provence

www.fondationsaintjohnperse.fr

jeudi 29 mai 2014

Un Musée du cinéma Jean Delannoy



Saluons l'inauguration le 24 mai dernier du Musée du cinéma Jean Delannoy, espace des métiers du cinéma et de la photographie à Bueil (Eure). Parmi les collections présentées par l'association Les Amis de Jean Delannoy, on peut voir des photographies et affiches de l'adaptation de La Symphonie pastorale, ou encore cet exemplaire dédicacé de Gide à Delannoy :



Colloque international : Gide et la musique



André GIDE et la musique
COLLOQUE INTERNATIONAL

Université de Haute-Alsace (Mulhouse)
13-15 octobre 2014
Théâtre de la Sinne, Mulhouse

Organisé par l'ILLE ( EA 4363),

Argumentaire :

À Jean Delay, son premier biographe, André Gide a dit peu de temps avant sa mort : « Les joies musicales sont restées parmi les plus vives et les plus profondes que j’ai connues. »
(Journal 1887-1925, éd. d’Éric Marty, Paris, Gallimard, « Bibl. de la Pléiade », 1997, p. 1045 et 1206).

« Inventer ou mentir-vrai ? »
Aragon nous emmène avec cette interrogation vers un véritable univers de réflexion qui oscille en fonction de nos propres idées de l’instant et celles du lendemain. Monde d’illusions, la mise en abyme est chère à André Gide qui dans son Journal en 1893 note : « J’aime assez qu’en une œuvre d’art on retrouve ainsi transposé, à l’échelle des personnages, le sujet même de cette œuvre par comparaison avec ce procédé du blason qui consiste, dans le premier, à mettre le second en abyme. »

La mise en regard de ces deux citations – pour rester dans l’esprit de la mise en abyme - d’André Gide sera la base de la réflexion que ce colloque ANDRÉ GIDE ET LA MUSIQUE se propose de mettre à l’honneur.

André Gide, pianiste et grand connaisseur de la musique et du milieu musical qu’il fréquentait assidument, garde cette passion pour son jardin secret, à l’inverse de la réalité qui veut que le musicien soit sur scène et garde son journal intime « intime ». La musique et son modèle sont donc au cœur même de son processus de création littéraire si l’on considère que André Gide n’a jamais cessé de faire illusion dans ses propos, dire ce qui se voit en métaphore de ce qui est. C’est cette idée que le colloque ANDRÉ GIDE ET LA MUSIQUE mettra en exergue au travers de communications, conférences, et bien sûr, au travers de concerts reprenant l’œuvre même de André Gide ou ses affections musicales.

L’œuvre doit être en inventant quelque chose ou ne pas être.

Nous invitons ainsi les contributeurs d’orientations et de filières diverses (littérature, théâtre, poésie, linguistique, traduction, philosophie, musique, musicologie, arts plastiques et autres) à s’intéresser à la place de la musique dans l’œuvre de André Gide, à sa culture musicale, que ce soit par le principe de l’illusion ou du mentir-vrai afin d’en souligner toute la présence réelle, la diversité, la richesse et les points d’interpénétration. L’examen des évolutions de la musique en France et en Europe tout au long de la première moitié du XX 2e siècle, les témoignages de la critique musicale, les échanges épistolaires pourront également faire l’objet de communications.

Celles-ci auront soin, du fait de l’interdisciplinarité du colloque, de porter une attention toute particulière à la notion de vulgarisation des concepts exposés.

Lieu de rencontre : Théâtre de la Sinne - Grand Foyer - 39 Rue de la Sinne, 68100 Mulhouse (France)

Comité d’organisation : Greta Komur-Thilloy, Peter Schnyder, Frédérique Toudoire-Surlapierre

Calendrier :
14 juillet 2014 : Réception des propositions de communication
30 aout 2014 : Notification aux auteurs
13-15 octobre 2014 : Colloque international et pluridisciplinaire

Modalités, contact et appel à communication à télécharger ici.

La simplicité de Gide

 
La simplicité : 
Manifestations et enjeux culturels du simple en art

Colloque international transdisciplinaire sur trois jours.
"La simplicité : Manifestations et enjeux culturels du simple en art". Atelier de recherches Textyle

Lors de la troisième journée, jeudi 5 juin 2014, Université Paris-Sorbonne, salle des Actes, 54 rue Saint-Jacques 75005 Paris, communication de Maria-Chiara Gnocchi, Università di Bologna :
« Le rasoir d’André Gide ou l’histoire d’une quête entre simplicité et simplexité ».

Plus d'information.

Lettres et livres aux enchères


Nouvelle belle vente de livres anciens et modernes, gravures, autographes par le libraire Alain Ferraton les 20 et 21 juin prochains à Bruxelles. Lors de la seconde vacation, passeront en vente une lettre de Gide mais aussi deux belles lettres de Martin du Gard, le manuscrit du texte de Maurois pour l'Hommage du Capitole, ainsi que plusieurs belles éditions des œuvres de Gide.



Lot 0859
GIDE (André).
Lettre autographe signée, datée du 8 mai 1935, 2 p. 8°, destinataire non identifié. Intéressante lettre à propos de la communication que tint Gide le 23 janv. 1935 au 21 de la rue Visconti à l'Union pour la Vérité pour s'expliquer sur sa position vis-à-vis de l'URSS. Gide regrette « que l'article sur la séance ait été rédigé d'après un texte aussi déplorablement, aussi monstrueusement fautif que celui donné par la revue Reportages » et donne un exemple. Il annonce à son correspondant qu'« [u]n texte correct de cette séance va très prochainement paraître, édité à la fois par le cercle de l'Union pour la Vérité et par la Nouvelle Revue Française, texte soigneusement revu par chacun des interlocuteurs. (Les discussions furent publiées par la NRF sous le titre « André Gide et notre temps » avec la date de parution : 1er juin 1935.). Estimation : 150/200€



Lot 0860
MARTIN DU GARD (Roger).
Lettre autographe signée, datée de Bellême (Orne), le 22 juillet 1925, 4 p. 8°. Belle lettre adressée à Maurice, certainement son cousin Maurice Martin du Gard (1896-1970), écrivain, fondateur des « Nouvelles littéraires » dont il est le directeur de 1922 à 1936. Après avoir rappelé durant 2 pages son affection (« Affection est bien le nom du sentiment tenace que j'éprouve quand je pense à vous, et que tout autre vocable, sympathie, estime, amitié, n'étiquerait pas... C'est à votre article que je vais toujours, quand j'ouvre votre journal »...), Roger Martin du Gard parle de Gide : « Gide est parti. Pour moi, naturellement, ses « Faux-Monnayeurs » sont le meilleur de ses romans. Mais, contrairement à ce que l'on éprouve d'ordinaire pour les grands auteurs, quand on connait l'homme comme je le connais maintenant, on le préfère encore à ses oeuvres, même les plus solides. Aussi je suis mauvais juge. » Il parle ensuite des travaux dans sa propriété de famille où il s'installe, de Mme Boyd, sa traductrice.
Estimation : 150/200€



Lot 0861
Sur Copeau et Gide.- MARTIN DU GARD (Roger).
 Lettre autographe monogrammée à un ami, certainement Richard Heyd, éditeur à Neuchâtel, Nice le 9 nov. 1949, 2 p. 8°, l'avant d'une enveloppe adressée à Richard Heyd datée du 20 avr. 1949 joint. Martin du Gard remercie vivement son correspondant pour l'envoi des volumes du Théâtre d'André Gide (Neuchâtel, Îdes et Calendes). Il compatit à ses tracas et lui demande des nouvelles. Il parle ensuite de Jacques Copeau et d'André Gide : « La mort de Jacques Copeau nous prive d'une exceptionnelle amitié. Nous avons fait le voyage de Pernaud, pour assister aux obsèques. Les rangs de ma génération s'éclaircissent... A qui le tour ? J'ai revu là-bas bien des visages d'autrefois, que les années n'ont pas épargnés, et qui m'ont durement rappelé que la vieillesse est là, et que notre temps est compté... / Gide est rentré à Paris depuis la fin d'octobre. Il ne pensait y faire qu'un court séjour, mais ses projets d'hivernage étaient vagues. Je redoute pour lui le froid, les tentations et les fatigues de Paris ! Il ne va pas mal, mais il lui faudrait une vie au ralenti, un climat doux, de grandes précautions. Le moindre effort le met sur le flanc, et il est perpétuellement sous la menace d'une nouvelle crise, qui pourrait être mortelle ». Estimation : 150/200€



Lot 0862
"Rencontre d'André Gide".- MAUROIS (André).
MAUROIS (André). Manuscrit autographe signé, 3 p. 8°, intitulé : « Rencontre d'André Gide ». Ce texte a été édité en 1928 dans le numéro spécial de la revue « Le Capitole » intitulé « Hommage à André Gide ». Nombreuses corrections.
Estimation : 100/150€




Lot 0875
GIDE (André).
Journal 1939-1942. P., NRF, 1946, in-12, cart. orné d'édit. d'après la maquette de Paul Bonet (dos bruni). Edit. en partie orig. tirée à 1040 ex. num. (Huret, 203)./ IDEM. Journal 1942-1949. P., NRF, 1950, in-12, cart. orné d'édit. d'après la maquette de Paul Bonet (dos bruni). Edit. orig. tirée à 2050 ex. num. sur alfama Marais (Huret, 204)./ IDEM. Les Cahiers et les poésies d'André Walter. P., NRF, 1952, in-12, cart. orné d'édit. d'après la maquette de Paul Bonet (dos et bords brunis). Tiré à 1050 ex. num. sur vélin labeur (Huret, 195)./ IDEM. Si le grain ne meurt. P., NRF, 1945, in-12, cart. orné d'édit. d'après la maquette de Paul Bonet. Tiré à 1050 ex. num. sur héliona Navarre (Huret, 213)./ Ens. 4 vol.
Estimation : 30/60


Lot 0876
GIDE (André).
Littérature engagée. P., NRF, 1950, in-12, cart. orné d'édit. d'après la maquette de Paul Bonet. Edit. en partie orig. tirée à 1050 ex. num. sur vélin Navarre (Huret, 205)./ IDEM. Corydon. P., NRF, 1947, in-12, cart. orné d'édit. d'après la maquette de Paul Bonet. Tiré à 1040 ex. num. sur alfa Navarre (Huret, 198)./ IDEM. Ainsi soit-il ou Les Jeux sont faits. P., NRF, 1952, in-12, cart. orné d'édit. d'après la maquette de Paul Bonet (cart. fort bruni). Edit. orig. tirée à 2050 ex. num. sur vélin labeur (Huret, 194)./ IDEM. Les Nourritures terrestres et les Nouvelles nourritures. P., NRF, 1942, fort in-12, cart. orné d'édit. d'après une maquette attribuée à Paul Bonet (cart. défraîchi et gauchi, dos bruni). Tirage non justifié (Huret, 206a)./ IDEM. Les Faux-Monnayeurs. P., NRF, 1943, in-12, cart. orné d'édit. d'après la maquette de Paul Bonet (rel. fatiguée et incurvée, dos fort bruni, tranches piquées). Tiré à 1100 ex. num. sur héliona Navarre (Huret, 200a)./ Ens. 5 vol.
Estimation : 30/60€


Lot 0986
1/300 vergé relié par Huser.- GIDE (André).
La Porte étroite. P., Société du Mercure de France, 1909, in-12, 273 p., plein maroquin noir, dos à nerfs, caissons encadrés de filets dorés et d'un listel maroquiné bordeaux, plats encadrés de même, double filet doré sur les coupes, contreplats doublés de maroquin bordeaux encadrés d'un filet doré, tranches dorées sur témoins, chemise en demi-maroquin noir à bandes, dos à nerfs, caissons encadrés d'un double filet doré, étui bordé de même, couv. et dos bleus conservés (reliure signée Huser). Édit. orig. tirée à 300 ex. sur vergé d'Arches. Superbe ex.
Estimation : 400/500€


Lot 0987
GIDE (André).
Le Voyage d'Urien. Gravures sur bois par Alfred Latour. Maestricht, The Halcyon Oress, A.A.M. Stols, 1928, petit 4°, br. Imprimé avec les caractères Lutetia dessinés par J. van Krimpen, avec des lettrines dessinées par Alphonse Stols. Tiré à 330 ex. num. 1/300 Hollande./ idem. la Symphonie pastorale. Même édit., 1930, petit 4°, br. Imprimé avec le nouveau caractère Romanée dessiné par J. van Krimpen, avec des lettrines dessinées par Alphonse Stols. Tiré à 185 ex. num. + qq. H.C. 1/150 Hollande. Belles éditions typographiques./ Ens. 2 vol.
Estimation : 50/75€


Lot 0988
1/10 vieux Japon relié par Huser.- GIDE (André).
Les Nouvelles Nourritures terrestres. P., Gallimard, NRF, 1935, in-12, 163 p., plein maroquin rouge, dos à nerfs, caissons entourés d'un double filet doré, d'un listel mosaïquée vert bouteille et d'un filet doré, titre doré, plats encadrés, d'un filet doré, d'un triple filet doré, d'un listel mosaïqué vert bouteille et d'un triple filet doré, double filet doré sur les coupes, contreplats de maroquin rouge encadrés d'un triple filet doré, tranches dorées sur témoins, couv. et dos conservés, ex-libris de Raoul Simonson, étui bordé de même (deux taches claires et un petit accroc au plat arrière) (reliure signée Huser). Edit. orig. tirée à 1380 ex. num. 1/10 sur vieux Japon, le plus petit tirage. Photo argentique (portrait de Gide) ajoutée (au verso la mention à l'encre : Photo Chim).
Estimation : 300/400€



Lot 0989
Tirage unique à 25 ex.- GIDE (André).
Lettres au docteur Willy Schuermans. 1920-1928. Brux., [Raoul Simonson], 1955, 8°, br. Edit. orig. posthume tirée à seulement 25 ex. num. sur Hollande.
Estimation : 50/75€



Lot 0990
Première édition collective.- GIDE (André).
Oeuvres complètes. Édition augmentée de textes inédits établie par L. Martin-Chauffier. [Paris], NRF (Imprimerie Sainte-Catherine à Bruges), 1932-1939, 15 vol. br., couv. à rabats (couvertures en partie brunies et lég. salies, tranches lég. souillées), photographie d'André Gide et notice bibliographique de L. Martin-Chauffier dans chaque vol. (Naville, 125-128). Ex. num. sur « chiffon de Bruges ». Première édition collective, dite « À la Gerbe », et la seule complète.
Estimation : 150/200€ 



Lot 0991
1/250 Arches relié par Champs-Stroobants.- GIDE (André).
Saül. Drame en cinq actes. P., Société du Mercure de France, 1903, in-12, 206 p., plein maroquin bleu de Prusse, dos à nerfs orné de filets dorés, plats encadrés d'un triple filet doré, double filet doré sur les coupes, quadruple filet d'encadrement intérieur, couv. et dos conservés, tête dorée, étui bordé de même (dos très lég. éclairci) (reliure signée Champs-Stroobants). Edit. orig. tirée à 250 ex. sur Arches. Relié avec un petit feuillet manuscrit (citation de Leibniz).
Estimation : 200/250€



Lot 0992
GIDE.- CLAUDEL (Paul) et GIDE (André).
Correspondance (1899-1926). Préface et notes par Robert Mallet. P., Gallimard, 1949, 8°, br. Edit. orig. 1/362 vélin pur fil, 2e papier après 46 Hollande./ Hommage à André Gide, 1869-1951. Textes inédits. N° spécial de La Nouvelle Revue Française. P., NRF, 1951, 8°, br.(décharge au 1er f. blanc). Edit. orig. 1/200 ex. num. vélin pur fil./ Ens. 2 vol.
Estimation : 25/50€



Vente vendredi 20 juin 2014 à 13h
et samedi 21 juin 2014 à 13h
Exposition du vendredi 13 juin 2014 au samedi 14 juin 2014 de 10h à 19h
du lundi 16 juin 2014 au mercredi 18 juin 2014 de 10 h à 19 h
jeudi 19 juin 2014 de 10 h à 18 h

samedi 24 mai 2014

Les Corydon d'André Gide




Présentation de l'éditeur :


Les Corydon d’André Gide présentés par Alain Goulet avec le texte originel du C.R.D.N. de 1911.
Corydon, réflexion sur la pédérastie et œuvre d’une vie, est un ouvrage singulier dont la nécessité s’est imposée très vite à Gide qui l’a longuement mûri et l’a considéré comme « le plus important de [s]es livres ».
Ce Corydon dans tous ses états vient compléter sa récente publication dans la « Bibliothèque de la Pléiade » : d’une part, en retraçant son histoire longue et mouvementée et en présentant ses avatars successifs dont on trouvera toutes les caractéristiques ; d’autre part, en fournissant tout un dossier de documents divers, sur et autour de Corydon, pour la plupart inédits ou introuvables.
Ainsi peut-on suivre toute son histoire, depuis sa conception dès la fin du XIXe siècle jusqu’à sa traduction américaine de 1950. On y trouvera aussi, pour la première fois, le texte complet du C.R.D.N. de 1911, anonyme et sans mention d’éditeur, resté dans les tiroirs de l’auteur.

Alain Goulet, ancien élève de l’École Normale Supérieure de Saint-Cloud, est professeur émérite de Littérature française à l’Université de Caen. Auteur d’une thèse de doctorat sur Fiction et vie sociale dans l’œuvre d’André Gide, il est considéré comme un des meilleurs spécialistes de l’œuvre de cet écrivain à laquelle il a consacré une grande partie de ses publications. Il est membre de l’Académie des Sciences, Arts et Belles-lettres de Caen.

Deux rendez-vous


Needles and pins entre écrivains : 
les jalousies érotico-littéraires de Gide et de Cocteau
Lundi 26 mai 2014,Maison de la recherche, 28 rue Serpente, 75006 Paris, salle 116
 
Dans le cadre du séminaire " La jalousie. Anatomie d'une passion mal aimée" (Projet ANR « Les Pouvoirs de l’art » / «  The Powers of Art »; Expérience esthétique, émotions, savoirs, comportements / Aesthetic experience, emotion, knowledge, behavior), intervention de Maja Vukušić Zorica, Needles and pins entre écrivains : les jalousies érotico-littéraires de Gide et de Cocteau

Maja Vukušić Zorica est maître-assistant et chercheur associé en littérature française moderne à l’Université de Zagreb, ancienne boursière du gouvernement français (2006/2007, 2007/2008), membre du groupe de recherche « Genèse et autobiographie » de l’ITEM-CNRS depuis 2007, Maja Vukusic Zorica a soutenu sa thèse sur le journal d’André Gide à l’Université Paris Diderot (Paris VII), sous la direction de M. Eric Marty en novembre 2011. La publication du livre sur le journal de Gide, André Gide : Les gestes d’amour – l’amour des gestes, en avril 2013 aux Editions Orizons (Paris, coll. Universités, dirigée par M. Peter Schnyder, professeur à l’Université de Haute-Alsace et directeur de recherche en langues et littératures européennes), a été soutenue par le Conseil scientifique de Paris Diderot et la Fondation Catherine Gide. Elle donne des cours sur la littérature française du XXe siècle, sur la théorie de la littérature, sur la littérature érotique française, sur Barthes et sur Gide. Elle a traduit treize livres en croate (Sade, Saint-Exupéry, Jauffret, Houellebecq, Bouraoui, Chevillard, Guibert, Badou) et obtenu la bourse de séjour pour les traducteurs étrangers du CNL. Elle est représentante de la SERD pour la Croatie, membre du SDN (Society of Dix-Neuviémistes) et elle participe régulièrement à l’Université européenne d’été (UEE) du réseau OFFRES (Organisation Francophone pour la Formation et la Recherche Européenne en Sciences Humaines). Elle a écrit des articles sur Gide, Chopin, Barthes, Louÿs, Cohen, Sartre, Nietzsche Sade et Haendel, et ses intérêts essaient de faire joindre l’étude de la littérature, de la théorie, de la philosophie, de la musique et de la sexualité.

Séminaire coordonné par Alexandre Gefen, chargé de recherche au CNRS, co-directeur du programme ANR « Les Pouvoirs de l’art. Expérience esthétique, émotions, savoirs, comportements », Mathilde Bernard, postdoctorante au sein du projet ANR « Les Pouvoirs de l’art » et Lorraine Dumenil, ATER à l’université Paris 3.

Plus d'information.


Colloque « Genre et psychanalyse :
La différence des sexes en question »
Vendredi 6 juin – Samedi 7 Juin 2014 à Aix-en-Provence
 
Dans le deuxième atelier de la matinée du samedi 7 juin 2014, consacré à « L'écriture des sexes », Saïda Ben Salem évoquera « Gide et la théorie des genres », un rapprochement très à la mode. (Signalons aussi que dans ce même atelier Nicolas Madelénat di Florio fera une communication sur « Deux psychologues, deux maîtres de l'introspection » : l'homosexualité pour Freud et Proust.)



Lire Gide tu dois et ainsi plus profond tu deviendras.


« N° 30

LES FAUX-MONNAYEURS d'André Gide (1925)

Je tiens personnellement à ce que le numéro trente soit André Gide, Prix Nobel de Littérature en 1950, même si « la nature a horreur du Gide » (dixit Henri Béraud).

André Gide est né à Paris 6e (19, rue de Médicis) en 1869 et mort à Paris 7e (1 bis, rue Vaneau) en 1951 — il a donc mis une vie entière pour bouger d'un arrondissement. Il souffre d'une réputation de trop « granté-crivain » (comme dit Dominique Noguez), c'est-à-dire de vieux scrogneugneu, tout ça parce qu'il a fondé La Nouvelle Revue fran­çaise en 1908, qu'André Rouveyre l'a sur­nommé « le contemporain capital » et Arthur Cravan « le cabotin ». Il y a tou­jours eu en France des auteurs comme ça, sortes de gourous intelligents et néanmoins bourgeois. C'est ce qui fait la grandeur de notre pays. Mais Gide n'était pas si coincé que ça, comme le montrent Les Faux-Monnayeurs, son seul et unique roman. Gide est un riche huguenot qui s'encanaille. Selon ses propres termes : « Je ne suis qu'un petit garçon qui s'amuse doublé d'un pasteur protestant qui s'ennuie » (Jour­nal). Dans sa jeunesse, ce dandy était même très sulfureux : en réalité, la vie de Gide a consisté à passer du soufre à la souf­france, et des sens au sens.

Les Faux-Monnayeurs est un livre poly­phonique, kaléidoscopique, géométrique, à multiples facettes {cochez la métaphore de votre choix). Il y a 35 personnages (collé­giens, étudiants, écrivains, filles, garçons, surtout garçons) qui s'entrecroisent dans Paris et cherchent tous la même chose : échapper à leur destin tout tracé qui res­semble à de la fausse monnaie. Ils ne disent pas « Familles je vous hais » parce que Gide l'a déjà dit dans Les Nourritures ter­restres en 1897, mais enfin ils le pensent très fort. Pourtant le gros roman de Gide a aujourd'hui vieilli, ne choque plus personne et la jeunesse ne se réveille pas pour le dévorer la nuit en 2001.

Eh bien, comme souvent, la jeunesse a tort, car Les Faux-Monnayeurs sont un hymne à la liberté. Liberté dans la forme, liberté dans le fond. A sa mort, Sartre (dans Les Temps modernes) et Camus (dans Combat) tombèrent enfin d'accord (et Dieu sait que c'était difficile) pour reconnaître que Gide était l'écrivain le plus libre du siècle. Pourquoi? Parce qu'il savait reconnaître ses erreurs (en reve­nant d'URSS par exemple) et explorer ses contradictions (comme le tourisme sexuel).

Et quelle fraîcheur encore aujourd'hui ! Les Faux-Monnayeurs sont le cri de sincérité d'une bande d'adolescents dans une époque de mensonge confortable. 43 ans avant Mai 68, le vieux scrogneugneu était un vrai révolté, un immoraliste hédoniste, qui osa dire qu'il aimait les mecs à une époque où Proust restait dans son placard.

Ce qui est très actuel aussi, c'est qu'un des personnages des Faux-Monnayeurs, Edouard, écrit un roman intitulé les Faux-Monnayeurs (de même que dans Paludes Gide écrit : « J'écris Paludes »). En outre Gide a publié un an après le Journal des « Faux-Monnayeurs » qui en est, en quel­que sorte, le « making of ». Tout le monde fait aujourd'hui des « romans dans le roman » mais — rendons à André ce qui est à André — c'est Gide qui a inventé la mise en abyme en littérature (après Pirandello au théâtre, qui lui-même s'inspirait de la double action chez Shakespeare). Quand Annie Ernaux publie les brouillons de Pas­sion simple, elle n'innove pas tant que cela. Lucidement, elle l'intitule Se perdre.

Enfin, surtout, Les Faux-Monnayeurs vous rendent plus fin, donc plus compliqué. Qu'est-ce que la littérature, sinon une élé­gante manière de couper les cheveux en quatre ? Par moments, Gide qui a refusé quelques années plus tôt Du côté de chez Swann, semble pasticher Proust : « Entre aimer Laura et m'imaginer que je l'aime — entre m'imaginer que je l'aime moins, et l'aimer moins, quel dieu verrait la dif­férence ? Dans le domaine des sentiments, le réel ne se distingue pas de l'imaginaire. Et, s'il suffit d'imaginer qu'on aime, pour aimer, ainsi suffit-il de se dire qu'on ima­gine aimer, quand on aime, pour aussitôt aimer un peu moins, et même pour se déta­cher un peu de ce qu'on aime... » Lire ce genre de prose, c'est comme faire un stage de développement accéléré du cerveau. La preuve ? Regardez-moi. Ça se voit pas ? Bon d'accord, peut-être pas à l'œil nu, mais à l'intérieur je suis le Yoda.

Lire Gide tu dois et ainsi plus profond tu deviendras. »

Frédéric Beigbeder, Dernier inventaire avant liquidation,
Grasset, 2001, pp. 99-102