jeudi 27 juin 2013

De me ipse



« Les textes ici rassemblés, malgré leur apparence hétéroclite, ont en commun d'être des textes préparatoires, ou pour le moins annonciateurs. Ce ne sont pas des brouillons, mais les premiers pas sur le chemin d'œuvres à venir, qu'elles soient clairement envisagées ou simplement pressenties », explique Pierre Masson tout au début de sa présentation de De me ipse et autres textes préparatoires, recueil de textes de Gide en grande partie inédits que viennent de publier les éditions Orizons.

Qu'est-ce que le De me ipse déjà évoqué dans les études de Jean Delay, de Claude Martin, dans la correspondance ou l'an dernier par Peter Schnyder au colloque de Cerisy ? Le titre est assez clair – à propos de moi – et ressuscite un genre ancien comme Gide le fera aussi pour la sotie. De me ipse est le titre d'un chapitre de l'autobiographie de Jérôme Cardan, et potentiellement celui de plusieurs de ceux des Essais de Montaigne... Une observation de soi en mouvement (« Je ne peints pas l'estre, je peints le passage ») et en interaction (« Qui ne vit aucunement à autruy, ne vit guère à soy »).

Commencé vers la vingtième année dans le but d'écrire des mémoires, le dossier De me ipse deviendra d'ailleurs par la suite De me ipse et aliis. Gide continuera à l'alimenter après la rédaction de Si le grain ne meurt tout en nourrissant un autre dossier appelé « Repentirs de Si le grain ne meurt » qu'on retrouve en fin de volume. L'ensemble de ces textes d'un « Gide collectionneur de lui-même » est assorti de plusieurs reproductions de pages manuscrites et de photographies de ceux qu'elles évoquent : Juliette Gide, Madeleine Gide, Pierre Louÿs, Elie Allégret, Paul Laurens...

D'autres Fragments, parus en mars 1893 dans L'Ermitage, et jamais réédités depuis, ouvrent le recueil dans cette volonté de montrer l'auteur en mouvement, muant d'André Walter en narrateur des Nourritures terrestres. Certaines phrases ou parties se retrouveront dans le Journal, ou dans la correspondance, sans qu'on sache toujours très bien dans quel sens se fait la circulation. L'œuvre de Gide et Gide lui-même ne faisant qu'un seul et même organisme en développement permanent. L'artiste devant, selon Gide, « non pas raconter sa vie telle qu'il l'a vécue, mais la vivre telle qu'il la racontera. »

La découverte de la jouissance, les souvenirs sur François de Witt, l'entente avec sa mère ou la ronde des garçons de Biskra montrent aussi que les mémoires sont loin d'être ce récit au fil de la plume annoncé : « L'examen des reliquats du De me ipse, auxquels il conviendrait d'ajouter tous les éléments biffés sur le manuscrit de Si le grain ne meurt, prouve qu'il n'en est rien et que Gide adopta la solution la moins malhonnête à ses yeux : celle de sélectionner les anecdotes qui allaient dans le sens global qu'il voulait donner après coup à son passé », commente Pierre Masson. 


Le recueil donne plusieurs reproductions des pièces de ce 
volumineux dossier comme cette "Découverte de la jouissance (1886)"
 

lundi 24 juin 2013

Une carte de la Bastide Franco


Akio Yoshii nous signale une belle carte postale en vente mercredi 26 juin chez Meinier à Genève. Intéressante non pas tant pour son contenu que pour son illustration : le Domaine de Franco, connu également sous le nom de Bastide Franco, le domaine agricole dont les Mayrisch avaient confié la gestion à Elisabeth Van Rysselberghe. Description :

Carte postale autographe signée "André Gide", 1/2 page in-12 ; Saint-Clair, 20 août 1931.
Avec reproduction du "Domaine de Franco - Brignoles - Var". Marques postales. Bon état général. André Gide écrit à Monsieur Joseph S. Morton dans le Minnesota aux Etats-Unis : "...
L’autorisation que je puis vous donner (pour la traduction de ma Tentative Amoureuse) ne suffit pas, hélas ! Il faut encore obtenir celle de mon éditeur français...".







« Ma mère géra, dès 1921, un vaste domaine, La Bastide Franco, à Brignoles (Var),  elle y dirigeait divers travaux agricoles parmi lesquels l'élevage du ver à soie. Elle allait régulièrement à Saint-Clair, où la Petite Dame avait une maison  et Théo Van Rysselberghe son atelier. » (préface de Catherine Gide à Elisabeth Van Rysselberghe, Lettres à la Petite Dame. « Un petit à la campagne » Juin 1924 - décembre 1926, Les Cahiers de la NRF, Gallimard) 

lundi 17 juin 2013

Promenade au Salon d'Automne

Le mois dernier au sein du groupe gidien de Facebook, nous commentions les articles de Philippe Sollers sur Maillol et Dina Vierny, dans lesquels Sollers cite l'avis de Gide :
« Gide, qui est le critique du Salon et qui écrit la première belle appréciation sur l’art de Maillol. Il dit de La Méditerranée : « Elle est belle, elle ne signifie rien ; c’est une œuvre silencieuse. Je crois qu’il faut remonter loin en arrière pour trouver une aussi complète négligence de toute préoccupation étrangère à la simple manifestation de la beauté. » En deux phrases, Gide a tout dit ! »
Cette critique est parue dans la Gazette des Beaux-Arts du 1er décembre 1905, 582ème livraison. Elle mérite d'être donnée en intégralité. Les nombres entre crochets indiquent la pagination originale. Certaines des reproductions données dans la revue ne sont pas disponibles en images de meilleure qualité, ce sont donc les images en noir et blanc de la numérisation Gallica qui sont présentées.



[475]


Je n'ai pas la prétention d'écrire un guide du Salon d'Automne. Simplement, m'y promenant de salle en salle, je causerai tout en marchant. L'on m'excusera de passer sans m'arrêter devant tels artistes que pourtant j'aime ou j'admire, craignant, par une nomenclature trop longue, de lasser le lecteur et moi-même, me réservant d'ailleurs de parler d'eux quelque autre jour plus longuement que je ne pourrais le faire aujourd'hui.

C'est sous le patronage de Ingres et de Manet que s'ouvrit cette année le Salon d'Automne. Un habile groupement de belles œuvres de ces deux maîtres ne nous apprit pas sur eux grand'chose de neuf, mais s'éclaira dans ce milieu d'une manière particulièrement intéressante et, en tant que manifestation, prit une assez sérieuse importance. Certains, qui n'avaient su trouver de salle en salle que des motifs d'exaspérer toujours plus leur humeur, purent se réfugier dans la « salle Ingres », se reposer dans la contemplation du Bain turc, admirer, dans la collection des dessins qui servirent au détail de cette œuvre1, par quel patient travail avait su se soutenir et se tempérer tant de ferveur. Quelle erreur ou quel indécent amour de paradoxe poussait ces jeunes peintres dévergondés à se réclamer précisément d'un tel maître?

Manet, passait encore ! L'Olympia avait beau être une façon de chef-d'œuvre, on lui pardonnait mal d'avoir d'abord scandalisé. [476] Rien d'étonnant si les jeunes peintres aujourd'hui s'autorisaient de ce scandale pour scandaliser à leur tour. Figurer au Salon d'Automne, après tout Manet ne l'avait pas volé ! Mais monsieur Ingres !

Passait encore que ces jeunes peintres, avec Manet, se posassent en anarchistes; on consentait qu'ils représentassent quelque chose comme l'extrême-gauche en peinture; mais avec Ingres, que prétendaient-ils donc? représenter non plus tel excessif paradoxe de l'art, mais l'art tout simplement, le grand Art ? que dis-je, continuer la tradition, peut-être? On imaginait Ingres revivant, son indignation, sa stupeur.

Je veux l'imaginer à mon tour, s'indignant d'abord de Manet. Puis j'imagine Manet lui répondant : – « Tout grand peintre apporte une façon nouvelle de voir; que lui sert la nouveauté de la main, s'il n'a pas la nouveauté de l'œil ? Tout grand peintre impose pour un temps cette façon de voir nouvelle, l'impose difficilement. Souvenez-vous de vos débuts, monsieur Ingres. Fites-vous [sic] assez crier, vous-même, avec les portraits des Rivière On n'avait pas encore su voir ainsi. Puis on s'y fit. A peine comprend-on maintenant le scandale que mes toiles causèrent, et si j'exposais aujourd'hui, mes tableaux ne seraient remarqués que pour ce qui fait leur valeur. Tout grand peintre exerce une double influence, laisse un double sillage. Vous avez deux sortes d'élèves les premiers ont imité votre forme; les seconds ont écouté votre esprit. Les premiers ne se sont pas assez dit que forme sans esprit demeurait forme morte, que lignes et couleurs ne valaient que comme moyens d'expression. Les seconds ont compris que toute forme devenait vaine dont l'émotion, qui d'abord l'avait animée, se retirait. Cherchez et trouvez les premiers dans les autres Salons, dans les Écoles. Les seconds sont ici. » Et doucement Manet l'amènerait vers Cézanne. Ingres l'arrêterait devant Maillol.

On vient de voir dans une salle spéciale du rez-de-chaussée d'inégales œuvres de M. Rodin, quelques-unes admirables, chacune pantelante, inquiète, signifiante, pleine de pathétique clameur. On arrive au premier étage, dans cette salle pas très grande au milieu de laquelle repose la grande femme assise de M. Maillol. Elle est belle; elle ne signifie rien; c'est une œuvre silencieuse. Je crois qu'il faut remonter loin en arrière pour trouver une aussi complète négligence de toute préoccupation étrangère à la simple manifestation de la beauté.

 Inges, Portrait de Mme Bertin


Le bain turc, par Ingres


[478] L'œuvre d'art n'est pas toujours le résultat d'une émotion qui s'extériorise. Ou, du moins, cette émotion peut naître, non plus de l'artiste lui-même, spontanément ou causée par le choc de la vie; la matière même de l'œuvre d'art, cette matière à l'état brut, – couleurs, sonorités, mots et rythmes, pierre ou argile à modeler, – peut suffire à plonger l'artiste dans le délire créateur.

J'imagine mal un Rodin se demandant devant un bloc de marbre « Sera-t-il dieu, table, ou cuvette? » Volontiers je le vois tourmenté par une idée plastique, comme Beethoven par une idée musicale, comme Vigny par une idée poétique, cherchant fiévreusement l'expression de son inquiétude. Je songe à l'impatience auguste de Beethoven, haletant dans l'effort d'asservir une forme rebelle. Je songe à cette volonté de Michel-Ange criant au marbre « Tu céderas ! »

En face de ceux-là je vois des artistes tranquilles un Bach, un Phidias, un Raphaël. La beauté de leur art est ce qui, d'abord et presque uniquement, les émeut. Ils ne veulent rien précisément traduire et ne cherchent point à leur œuvre d'autre nécessité que sa beauté. Mais l'émotion vient, naturellement, habiter cette forme belle, comme la vivifiante étincelle de Prométhée la Pandore qu'il modela.

Les premiers sont plus pathétiques. L'œuvre des seconds est plus impénétrable, plus solide, d'un plus grand poids.

M. Maillol, ainsi, ne procède pas d'une idée qu'il prétende exprimer en marbre; il part de la matière même, terre ou pierre, qu'on sent qu'il aura longuement contemplée, puis dégrossie, qu'il émancipe enfin à coups de puissantes caresses. Chacune de ses œuvres garde un peu de l'élémentaire pesanteur. Ses statuettes de l'an passé m'inquiétèrent, il est vrai; une sorte d'élégance allongée n'augmentait leur séduction qu'aux dépens de leur gravité. Mais voici son œuvre la plus grave.

Je constate en passant que chaque fois jusqu'à présent qu'un sculpteur s'est écarté du canon grec, c'est que quelque besoin de caractère et d'expression l'y poussait. Ici point; et c'est là ce qui, plus tard, semblera sans doute de capitale importance dans l'histoire de l'art : l'accord parfait du corps humain est obtenu par d'autres chiffres; l'équation n'est plus la même et l'harmonie n'est pourtant pas rompue.

Que la lumière est belle sur cette épaule ! Que l'ombre est belle où s'incline ce front! Aucune pensée ne le ride; aucune passion ne [479] tourmente ces seins puissants. Simple beauté des plans, des lignes..., nul détail inutile, nulle coquetterie la noble forme reste fruste, idéalisée fortement, non point spiritualisée, comme on croit trop souvent que le mot veut dire, mais simplifiée, de manière qu'on y peut entendre chaque muscle, mais qu'aucun ne s'y vient indiscrètement affirmer. Cela est d'un poids admirable; massivité, pesanteur de la tête sur le bras, imposante massivité de l'épaule2...


Femme, statue en plâtre par M. A. Maillol
(Salon d'Automne)

Si ce n'était pas pour M. Vuillard, je ne quitterais pas M. Maillol.

Panneau décoratif par M. Vuillard
L'anarchie règne. Il faut, devant chaque artiste nouveau, se faire une nouvelle esthétique. Ce n'est pas à présent que j'examinerai si [480] c'est ou tant pis ou tant mieux. Mais de quel intérêt est notre époque ! Aucune autre encore parut-elle à la fois aussi puissante et diverse ?... Je cherche sur quel plan les critiques futurs pourront à la fois situer d'aussi indépendantes personnalités que Gauguin, Cézanne, Renoir, Degas et Monet. Par où les sentira-t-on « de la même époque » ?

Je reviens aux panneaux de M. Vuillard. Je ne sais ce qu'il faut aimer le plus ici. C'est peut-être M. Vuillard lui-même. Il se raconte intimement. Je connais peu d'œuvres où la conversation avec l'auteur soit plus directe. Cela vient, je crois, de ce que son pinceau ne s'affranchit jamais de l'émotion qui le guide, et que le monde extérieur, pour lui, reste toujours prétexte et disponible moyen d'expression. Cela vient surtout de ce qu'il parle à voix presque basse, comme il sied pour la confidence, et qu'on se penche pour l'écouter.

Il est d'une mélancolie point romantique, point hautaine, discrète, et qui garde un vêtement de tous les jours, d'une tendresse caressante, et je dirais presque timide, si ce mot se pouvait accorder avec déjà tant de maîtrise. Oui, je sens en lui, malgré la réussite, le charme d'une inquiétude et d'un doute. Il n'avance point une couleur qu'il ne l'excuse par un subtil et précieux rappel. Trop délicat pour affirmer, il insinue, – dans ces deux grands « paysages avec figures », c'est un indéfinissable violet carminé, – mais avec tant de sûreté que, restant encore surprenant, ce carmin paraît pourtant nécessaire. Nulle recherche d'éclat; un constant besoin d'harmonie par une entente à la fois intuitive et savante des [481] rapports, chaque couleur explique inopinément sa voisine, obtient d'elle, et réciproquement, un aveu.

J'admire surtout le panneau de droite, et ne me lasse pas d'aimer cette femme couchée. Dans ce visage, de dessin comme éludé, quelle grâce ! Quelle mollesse, quel abandon dans cette robe ! Quelle justesse de ton dans la pourpre indication du rocking-chair qui la balance ! La proportion, la place des nuages au-dessus d'elle,



l'arabesque des allées du jardin, du tronc des arbres. En vain détaillerais-je mon plaisir. Je le brusque pour passer outre.

Comment faire comprendre à ceux qui n'y sont pas sensibles l'intérêt des toiles de Bonnard ? Plus d'esprit, d'espièglerie même, que de raison fait de la composition de chacune quelque chose de bizarrement neuf et d'excitant. L'examen, l'analyse n'épuisent pas cette sorte d'esthétique amusement qu'on y goûte, car il naît de la couleur même, du dessin, et non de quelque explicable ingéniosité. Qu'il peigne un omnibus, un chien, un chat, une escabelle, sa touche même est polissonne, tout indépendamment du sujet.

[482] Ce serait diminuer M. Bonnard que de ne voir pourtant, en lui qu'un humoriste. Irrégulier, chercheur, inventif, jamais morne, il devient parfois excellent. Deux des toiles qu'il expose cette année : le Tub et le Cabinet de toilette, sont parmi ses meilleures; mais malgré ses défauts, je m'intéresse plus encore à la grande, celle qu'il intitule Sommeil. Sur un lit houleux et défait, chaud d'une chaleur animale, une incertaine créature humaine est couchée, dans la pose à peu près de l'Hermaphrodite Borghèse. La lumière blondit précieusement le bas du corps, vient mourir sur les reins. Le haut du corps semble se vallonner dans l'ombre; indécis, flasque, comme privé de tout interne soutien. Je préfère supposer qu'il eut été facile à M. Bonnard de mettre tout plus solidement « à sa place », et qu'il s'en est peu soucié. On dirait qu'il renonce d'emblée à tout ce qu'un autre eut aussi bien pu faire et qu'il ne se réserve de valoir que là où cet autre eut faibli. Sa peinture en est plus personnelle. Sans doute; mais n'est-ce pas une triste infirmité de notre époque de ne savoir reconnaître la personnalité d'un artiste que lorsque son œuvre imparfaite ou inachevée l'exagère ? N'est-ce pas là ce qui fait si souvent l'artiste s'arrêter dans son œuvre à peine ébauchée, craindre de la porter plus loin et s'en séparer avant terme? Je consens qu'il haïsse certaine perfection académique où le plus médiocre a souvent le plus de chances de réussir, mais, plutôt que ces imperfections consenties, ne serait-il pas plus habile d'y opposer une conception de la perfection différente, et., parmi tant de charmantes ébauches, quelques œuvres parfaites... différemment ?

M. Laprade est arrivé très jeune au succès. Le public (je parle d'un public de choix) l'a découvert d'autant plus vite qu'il n'a pas eu lui-même il à chercher longtemps. Je sens en lui les plus heureux dons naturels; mais je sens mal la discipline à laquelle on les pourrait souhaiter soumis. Si plaisant que soit ce qu'il dit, je voudrais sentir mieux qu'il a plus encore à nous dire et qu'il ne s'est pas contenté. Du reste, rien chez lui de la faconde d'un d'Espagnat. Laprade reste fin, aristocrate. Je ne me méprends pas à l'aspect négligé de ses toiles; mais cette négligence ne m'apparaît point tant savante que consciente et soigneusement protégée. Son pinceau complaisamment irréfléchi semble avant tout désireux de conserver une façon de peindre « artiste », j'emploie ce mot à la manière des Goncourt parlant de « l'écriture artiste », et se félicitant de l'avoir. Tout cela ne va pas sans quelque complaisance envers soi-même.


 Un coin de l'ancienne Salpetrière
eau-forte originale de M. E. Herscher
(Salon d'Automne)

[483] Pour plus de commodité, je veux admettre que M. Henri Matisse ait les plus beaux dons naturels. Le fait est qu'il nous avait donné précédemment des œuvres pleines de sève et de la plus heureuse vigueur. Les toiles qu'il présente aujourd'hui ont l'aspect d'exposés



de théorèmes. – Je suis resté longtemps dans cette salle. J'écoutais les gens qui passaient, et lorsque j'entendais crier devant Matisse : « C'est de la folie! » j'avais envie de répliquer : « Mais non, Monsieur; tout au contraire. C'est un produit de théories. » – Tout s'y peut déduire, expliquer; l'intuition n'y a que faire. Sans doute, quand M. Matisse peint le front de cette femme couleur pomme et [484] ce tronc d'arbre rouge franc, il peut nous dire « C'est parce que... » Oui, raisonnable cette peinture, et raisonneuse même
plutôt. Combien loin de la lyrique outrance d'un van Gogh ! – Et dans les coulisses j'entends « Il faut que tous les tons soient outrés. » « L'ennemi de toute peinture est le gris. » « Que l'artiste



ne craigne jamais de dépasser la mesure. »3 M. Matisse, vous vous l'êtes laissé dire...

Et je comprends de reste comment, en voyant « les autres » se donner l'apparence du style par l'emploi des liaisons, des termes morts et trouver, pour leur timidité, dans les transitions l'excuse et [485] le soutien de leurs prétendues hardiesses, ne pas lâcher la ligne, le contour, de même ne pas quitter une teinte, l'étayer, et, pour l'exprimer dans l'ombre, l'assombrir, – je comprends comment vous vous êtes poussé à bout. « Pour bien écrire, dit Montesquieu, il faut sauter les idées intermédiaires. » – Mais l'art n'est point de se passer enfin de syntaxe; vive, tout au contraire, celui qui sait magnifier jusqu'aux emplois les plus modestes, révéler à la moindre conjonction sa valeur ! L'art n'habite pas les extrêmes; c'est une chose tempérée. Tempérée par quoi ? Par la raison, parbleu ! Mais pas la raison raisonneuse. Cherchons d'autres enseignements.

ANDRÉ GIDE


1. Quelques-uns ont été reproduits dans la Gazette des Beaux-Arts, 1894, t. II, p. 179 et 371. Quant au tableau lui-même, depuis plusieurs mois le plus autorisé des traducteurs d'Ingres, M. Corabeuf, s'occupe à en donner par le burin une digne interprétation, que la Gazette compte publier prochainement.
2. Je copiais à Montauban ces phrases que Ingres écrivit au-dessous d'un dessin « Cette beauté qui charme, transporte et fait bien passer les détails du corps humain que les membres sont pour ainsi dire comme des fûts de colonnes. Tels les maitres des maîtres. »
3. Phrases du Journal de Delacroix, citées par M. Signac, D'Eugène Delacroix au néo-impressionnisme. Paris, 1899, in-8.

lundi 10 juin 2013

Correspondance avec Alberti



 
Six lettres et une carte postale d'André Gide à Guglielmo degli Alberti seront proposées mardi 18juin à l'Hôtel des Ventes de Genève.


Guglielmo Alberti, de son nom complet Guglielmo Mori Ubaldini degli Alberti La Marmora, est né en 1900 à Turin. Alors qu'il suit des études de droit, il rencontre en 1922 les jeunes intellectuels turinois à l'origine de la « Rivoluzione liberale » : Piero Gobetti, Alexandre Passerin d'Entrèves, ou encore Giacomo Debenedetti, traducteur de Proust en Italie et fondateur de la revue littéraire Primo Tempo, à laquelle collaborera Alberti.

A partir de 1923, il travaille aussi pour le cinéma. En 1926 paraît son roman Oreste. Cronache di moralità provvisoria a cura di Pilade (Le edizioni del Baretti, Torino). Il s'exile en Suisse entre 43 et 45 où il continue de participer au mouvement antifasciste. Après la guerre, il s'installe avec sa femme et ses enfants à Florence où il écrira pour différents journaux et magazines jusqu'à sa mort en 1964.

Les lettres de cette vente en Suisse font le pendant des six lettres d'Alberti à Gide, conservées à la Bibliothèque Littéraire Jacques Doucet sous la cote Gamma 38 (1-6). Les deux hommes sont en contact dès 1923 : Alberti voulait écrire un article sur Gide pour la revue Primo Tempo et Gide répond à ses questions sur ses premiers livres - c'est la lettre la plus intéressante. Ils se rencontreront en août 1923 à Pontigny, avec la prolongation à Paris signalée par la Petite Dame. Les dernières lettres d'Alberti à Gide datent de 1929.


 


"26 février [1923]                                             Hôtel de Savoie
                                                                        Annecy
                                                                        Haute Savoie


Monsieur,

C'est à Annecy que je reçois votre lettre ; et j'étais à Turin avant hier ! Si j'avais su... Quel plaisir j'aurais pris à vous voir !
Les Poésies d'André Walter ont été rééditées dernièrement par la Nouvelle Revue Française, dans une petite édition (« une œuvre, un portrait ») qui ne doit pas encore être épuisée.
Les Cahiers d'André Walter sont introuvables et les prix atteints aux dernières ventes sont fantastiques. C'est une œuvre vraiment « posthume », ou peut-être un habile critique peut reconnaître bien des défauts que j'ai su développer plus tard... mais il me semble que vous pouvez passer outre sans que doive en souffrir l'étude dont vous me parlez et que je me réjouis de lire dans cette revue, pour laquelle je vous envoie ici tous mes vœux.
Quant aux conférences sur Dostoïevsky, parues dans la Revue Hebdomadaire (N° du 7 janvier et les suivants) – elles vont prochainement être donnée en volume. Elles furent pour moi un prétexte à exposer bien des idées que je considère comme des plus importantes.
Si le Grain ne meurt a paru dans la NRF (d'importants fragments du moins) à des intervalles irréguliers. N'étant pas à Paris il ne m'est pas possible de vous indiquer à [mot illisible] les dates ; mais ces fragments sont reproduits presque en entier dans le volume de pages choisies pour la jeunesse donné l'an dernier par Crès. (Rien à voir avec mes « pages choisies » de la Nouvelle Revue Française) -
Veuillez croire, cher Monsieur, à l'assurance de mes sentiments bien cordiaux.
André Gide"

***


[sur un papier à en-tête de l'Hôtel Lutetia barrée]
"22 oct. 23

Qu'aurez-vous pu penser de mon silence ?.. Puisse-t-il ne vous avoir point trop attristé ! – Certainement quelque malin démon se joue de nous et veut nous empêcher de nous joindre. Il vous souvient (et votre lettre le rappelle) de combien peu je vous manquais, lors de mon passage à Turin... Voici votre lettre du 4 sept. Je la retrouve enfin, hier, de retour à Paris où je l'avais laissée par mégarde dans la poche d'un pardessus. Combien je me désolai, sitôt ensuite de n'avoir pas tout au moins relevé votre adresse... Non : le démon avait coupé les ponts ; je ne pouvais plus vous atteindre, ni même vous faire connaître combien votre lettre m'avait touché. – Et maintenant encore je tremble : cette adresse d'Arezzo, n'est-ce pas celle d'une résidence d'été ? Va-t-on faire suivre cette lettre à Turin, ou ailleurs ? A votre tour veuillez me rassurez. Et ne prenez point note de l'adresse de cet hôtel où je suis descendu pour quelques jours : mon adresse permanente est à la N.R.F. 3 rue de Grenelle Paris VIe d'où l'on me fera suivre mon courrier à Cuverville, où je pense rejoindre ma femme dans quelques jours, ou ailleurs...
Je vous serre bien affectueusement la main.
J'espère bien le faire un jour, et prochain, d'une manière moins mystique.

André Gide"

***
 
 


[carte postale]

"5 janv. 24

Cher Monsieur et ami,

Ni oubli, ni indifférence, ni froideur... mais travail = silence.
Je me suis plongé dans l'élaboration d'un livre plus important que tous ceux que j'ai écrits jusqu'à ce jour et qui exige de moi la plus grande contention d'esprit.
Si je m'en distrais, au printemps, par besoin de repos, je serais extrêmement heureux de vous voir. Je ne puis pourtant vous promettre ma visite, car il est possible que je m'embarque pour le Maroc.
Je vous envoie tous mes vœux – et vous prie de me croire – bien amicalement déjà – votre
André Gide"

***

"2 novembre 1924                                               Cuverville en Caux
                                                                           Seine Inférieure

Mon cher Alberti

Vous m'avez écrit, à la fin de septembre, une lettre exquise, à laquelle je m'étais promis de répondre. Et je crains que mon long silence ne vous ait un peu attristé. Je vous supplie de ne pas m'en vouloir. Déplacements, occupations de toutes sortes, travail enfin, m'ont détourné de la correspondance. Je pensais partir au commencement de ce mois pour un aventureux voyage au Congo ; c'est partie remise en juillet prochain ; diverses considérations m'ont amené à différer mon départ. Et voici qui me donne quelque espoir de vous revoir peut-être au printemps prochain si je me décide gagner pour un temps l'Italie. Je ne manquerai pas, dans ce cas, de vous en avertir, car j'ai gardé de nos conversations, si imparfaites fussent-elles encore, le souvenir le meilleur et le plus attendri. Et j'ai la certitude que les suivantes seraient plus fortifiantes et fructueuses.
Le doute constant de vous-même, dont vous me parliez, et que moi aussi, croyez-le bien, j'ai pu connaître, a-t-il enfin cédé à un plus amoureux abandon ? Aux choses, aux êtres, à la vie...
Combien je le souhaite ! Et que vous cessiez d'être habile à empêcher votre bonheur.
Au revoir. Croyez, malgré mon long silence, à mon sentiment bien affectueusement fidèle.
André Gide"

***

"Brignoles -
21 avril 25

Mon cher Alberti

Je reçois à l'instant votre exquise lettre. Vite un mot pour dire que je prends rentre à Paris demain et pense y passer (Villa Montmorency)les trois premières semaines du mois de mai. Heureux si je pouvais vous revoir.
Bien amicalement votre,
André Gide"

***


"6 janvier 1927

Mon cher Alberti,

Vous êtes exquis de m'écrire ainsi...
J'emporte avec moi votre Oreste dans le midi. Je suis extrêmement fatigué, incapable aujourd'hui de vous écrire mieux et davantage.
Mais croyez à mon affection bien fidèle.
André Gide"


lundi 3 juin 2013

Vente aux enchères


Près d'une cinquantaine de lots de la vente Audap & Mirabaud d'autographes et manuscrits, livres anciens et modernes du lundi 17 juin à Drouot intéresseront les gidiens. Citons notamment :


Lot 26
GIDE André. Ménalque (fragment). Manuscrit autographe signé. (Paris), vers 1895 ; 18 pages gr. in-4 sur papier fin grisâtre.
PRÉCIEUX MANUSCRIT D’UNE ŒUVRE DE LA JEUNESSE D’ANDRÉ GIDE.
Elle paraîtra d’abord dans le numéro de janvier de la revue L’Ermitage avant d’être incorporée dans Les Nourritures terrestres (livre IV).
Il y a d’assez nombreuses ratures et des lignes supprimées que l’on parvient à lire encore.

Estimation : 5000/6000€

Lot 34
GIDE André. [Journal]. Automne 1889 - 24 novembre 1928. Dactylographie originale sur papier pelure de couleur avec corrections autographes à l’encre ou au crayon. Sans date ; in-4 (275 x 205 mm) de [206] feuillets de papier extra-fin rose, blanc, jonquille dactylographiés d’un seul côté, reliure ancienne demi-maroquin rouge à coins, dos à nerfs, tête dorée, non rogné (Semet & Plumelle).
DACTYLOGRAPHIE ORIGINALE DU “ JOURNAL ” DE GIDE COMPORTANT DE NOMBREUSES CORRECTIONS DE SA MAIN à l’encre et au crayon.
Ce tapuscrit est constitué de neuf parties à paginations particulières :
1.?Automne 1889 - 15 mai 1892. Pages 1-24. Papier rose.
2.?Novembre 1892 - juillet 1895. Pages 1-28 plus 11 bis. Papier rose.
3.?5 janvier 1902 - 9 février 1902. Pages 1-36. Papier blanc. Transposition des pages 5-13 entre les pages 20-21.
4.?Fin février 1902 - septembre 1903. Pages 1-13. Papier blanc.
5.?17 mars 1904 - juillet 1905. Pages 1-7 plus une (8 sept. 1904). Papier blanc.
6.?(3 mai 1904). Pages 2-4. Papier blanc.
7.?6 février 1907 - 18 juillet 1927. Pages 1-24 plus 9 bis. Papier rose.
8.?Août 1927 - 2 janvier 1928. Pages 1-34. Papier jonquille.
9. 3 janvier 1928 - 24 novembre 1928. Pages 1-34. Papier rose.
De très nombreuses pages portent des corrections mineures : coquilles, orthographe, etc. tandis que 46 autres contiennent des ajouts, des retraits et des modifications diverses de la main de l’auteur. Des passages sont supprimés d’une croix au crayon gras bleu ou à l’encre mais ils demeurent lisibles, d’autres sont renvoyés d’un chapitre à l’autre et il y a des indications de calibrage d’un prote (romain corps 8, etc) attestant que le tapuscrit a été envoyé à l’imprimeur.
Il est probable que, entre cette version et le texte final imprimé pour la première fois (Journal, 1889-1939, Gallimard 1939), il existe des variantes qu’elle permettra de relever.
Seuls des fragments du Journal avaient été imprimés à très petits nombre (7 ex., 13 ex., …).

Lot 35
GIDE André. Carte autographe signée à “ Mon cher Michel ” [Allégret ?].
La Souco, 14 février 1930 ; une page in-12 au verso d’une carte postale de Roquebrune (A.-M.).
Il est flatté de la demande qu’il a reçue. “ À mon retour à Paris je regarderai s’il reste encore un exemplaire d’Un esprit non prévenu ” mais il craint que le livre ne soit épuisé. “ Ah ! que je voudrais avoir pu m’embarquer avec les Chadourne et vous rejoindre.
Ce sera pour l’an prochain… ”.
Les Bussy dont il est l’hôte le chargent d’affectueux messages.
Joints du même :
INSCRIPTION AUTOGRAPHE sur une feuille de papier du Japon : “ Dans tout l’azur, rien que ce qu’il fallait de blanc pour une voile - de vert pour une ombre dans l’eau. André Gide ”.
UNE PAGE AUTOGRAPHE très raturée (tirée du Journal ?) : “ J’éprouvai souvent, en écrivant ces mémoires, combien il m’est plus aisé de peindre le mal que le bien – ou si l’on veut le laid que le beau de ma figure… ”.

Lot 57
LÉAUTAUD Paul.
Lettre autographe signée (à un responsable des Cahiers André Gide). Paris, 28 juin 1952 ; une page in-8.
Il décline la proposition qui lui est faite de collaborer aux Cahiers André Gide : “ Je n’ai pas un mot à ajouter au peu que j’ai écrit sur lui ” ; et le reste de la lettre développe les réticences qu’il a vis-à-vis de l’écrivain.

Lot 63
LOUŸS Pierre. Sappho [Poème autographe, huit tercets sur 1 page ½] suivi d’une lettre autographe signée P.L. à André Gide (2 pages ½). S.l.n.d. ; ens. 4 pages in-8 sur papier quadrillé.
Le poème, intitulé Sappho sur le promontoire de Leucade. Sapphique, commence ainsi : “ Ô mer ! mer triomphante et bouleversée // Toi qui m’exaspérais au temps d’autrefois… ” et se termine ainsi : “ Si je ne peux plus voir les yeux adorés // Si j’ai fini d’aimer j’ai fini de vivre // Viens rouler sur mon corps, ô mer toujours ivre // Tes flots effarés ! ”.
Dans la lettre à André Gide qui suit Louÿs analyse le poème en technicien du vers puis il passe à Madame Bovary : “ …Je t’en ai dit du mal parce que tu vibres d’un demi-ton au-dessus de moi… C’est égal je ne digère pas encore les dix premières pages ”. Son frère lui a rapporté d’Angleterre un très bel exemplaire de Shelley. “ Je le dévore ”.
Il a lu les trois derniers actes de Ruy Blas : “ Ah ! que c’est bien aussi ! ”.
Il termine : “ Je t’ai écrit il y a huit jours six longues pages d’injures au sujet de Victor Hugo. Et puis, découragé, j’ai remis la lettre dans mon tiroir… ”.

Lot 196
GIDE André.
Les Nourritures terrestres. Paris, Mercure de France, 1897 ; in-12, reliure janséniste ancienne maroquin vert, dos à quatre nerfs (passé), doublures de maroquin vert émeraude serties d’un filet doré, gardes de soie noire brochée à motifs verts, tranches dorées sur témoins, couverture et dos (Ch. Septier).
Édition originale, dédiée à Maurice Quillot. – UN DES 12 EXEMPLAIRES SUR PAPIER VERGÉ DE HOLLANDE (n° 10). – On a fixé face au titre un portrait de Gide jeune légèrement chargé : dessin original à la mine de plomb (50 x 45 mm).
JOINT UNE LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE D’ANDRÉ GIDE ET DEUX AUTRES DE PIERRE LOUŸS.
1.?“ Je crois que, sans grand travail, vous pourriez glaner ces citations dans le recueil de Morceaux choisis que j’ai fait paraître chez Gallimard. Sur le point de partir pour un lointain voyage… il ne m’est pas facile de procéder moi-même à cette sélection… Quant à la phrase dont vous parlez : Famille je vous hais ” par pitié, si vous la citez, ne la détachez pas de son contexte… ” (Paris, 1er janvier 1938 ; 2 pages in-8).
2.?Deux longues lettres de Pierre Louÿs à son frère Georges. A. “ …Gide est venu me voir hier. Nous avons passé la soirée ensemble de 3 h à 9 h d’une façon macabre et follement gaie… Ce n’est pas du tout pour sa maladie nerveuse qu’il a été réformé.
Le pauvre garçon est tuberculeux. Quand il m’a appris cela, j’ai répondu naturellement : Moi aussi et depuis longtemps. Alors il a été pris d’un accès de fou-rire qui m’a gagné tout de suite et qui ne nous a pas quitté… ”.
Il donne des nouvelles de sa santé, évoque des compagnons de caserne. B. “ Quant à Gide… il n’a comme moi qu’une maladie latente et si il a été réformé, c’est qu’il s’était fait précéder à Nancy par un rapport exagéré à dessein, de son médecin ”. Louÿs révèle à son frère qu’il se sait malade depuis l’âge de quinze ans et qu’il s’attendait à ce que sa vie soit très courte. “ Je n’ai désiré qu’une chose… réaliser le plus tôt possible ces rêves dont tu me parles… ” (Abbeville, 10 décembre ; 8 pp. in-8 ; Caserne, mardi, 4 pp. in-8).
De la bibliothèque Paul Voûte, d’Amsterdam (cat., Paris, 1938, n° 342).
Estimation : 1000€



Signalons encore plusieurs lettres de Gide à Eugène Rouart (lot 27 et lot 31), à Jacques des Gachons (lot 28), à Maurice Barrès (lot 29), à Eugène Montfort (?) (lot 30),  à Félicien Challaye (lot 33), à Maurice Sachs (lot 36), à Louis Cognet (lot 37), à Marcel Achard (lot 38)... ainsi que des lettres à Gide signées Simenon (lot 84), Albert Thibaudet (lot 87). Sans oublier quelques dizaines de belles éditions originales dont plusieurs avec envoi autographe.

Vente aux enchères du Lundi 17 juin 2013 à 14h
Autographes et Manuscrits, Livres Anciens et Modernes
Drouot Richelieu - Salle 11 - 9, rue Drouot - 75009 Paris
Exposition : samedi 15 juin de 11h à 18h
et lundi 17 juin de 11h à 12h


3èmes Rencontres Jules et Jim


Xavier Rockenstrocly, président de l'association Jules et Jim qui regroupe les amateurs de l’œuvre d'Henri-Pierre Roché, nous informe de la tenue cet été des 3èmes rencontres internationales de Dieulefit. Il y abordera d'ailleurs les liens entre Roché et Gide à la lumière de leur correspondance, correspondance qui devrait faire prochainement l'objet d'une publication...


TROISIEMES RENCONTRES
JULES & JIM
DIEULEFIT
5, 6 et 7 JUILLET 2013


DE QUOI S’AGIT-IL ?
Les rencontres Jules&Jim permettent aux amateurs d’Henri-Pierre Roché, l’auteur de Jules et Jim, de se retrouver et d’échanger leurs informations, leurs points de vue et aussi leurs découvertes sur cet auteur méconnu qui joua aussi un grand rôle dans le monde des arts.

C’EST POUR QUI ?
Il n’est besoin d’aucune connaissance particulière pour assister aux rencontres sinon le désir de partager ce moment autour d’Henri-Pierre Roché. C’est une occasion de le découvrir et d’approfondir sa connaissance en la matière.

TROIS MOMENTS IMPORTANTS :
Roché et la musique : un concert exceptionnel sera donné samedi 6 juillet à 18 heures à l’Eglise Saint-Pierre de Dieulefit. Ce concert est tout entier consacré aux œuvres dont Henri-Pierre Roché a écrit les textes : Satie, Auric, Roussel…
Ce concert a été rendu possible grâce à Damien TOP, ténor de renommée internationale, qui nous propose d’entendre pour la première fois cette œuvre dans son ensemble. Diane Andersen l’accompagnera au piano.

Franz et Stéphane Hessel : Stéphane espérait être avec nous pour parler de son père. Sa mort nous attriste et nous prive d’un témoin essentiel de la vie de Roché. Mais c’est en lui rendant hommage que nous parlerons aussi de son père Franz, le Jules de Jules et Jim, écrivain, traducteur, et fidèle ami d’Henri-Pierre Roché. C’est grâce à Bruno Tackels, auteur d’un formidable feuilleton sur Franz, que nous pouvons organiser cette table ronde.

Dieulefit et ses peintres : une importante exposition franco-allemande En attendant la liberté ouvre ses portes le 24 juillet. Une occasion d’évoquer le rôle d’Henri-Pierre Roché pendant la guerre auprès d’artistes comme Wols, Etienne-Martin, François Stahly… Bernard Delpal et Philippe Bentley nous parleront de l’exposition et présenteront le catalogue, dimanche 7 juillet à 14 heures.

D’autres communications sont bien sûr prévues sur les thèmes suivants : Roché et les peintres, Roché et les sculpteurs, Roché et les écrivains, Roché et le cinéma, Roché – profession : écrivain… qui permettront de mieux comprendre ses rapports avec Duchamp, Wols, l’art brut, sa collection, avec Etienne-Martin et François Stahly… et aussi avec Gide, Franz Hessel… avec Abel Gance, Jean Renoir, François Truffaut, Mazursky … et aussi ses rapports avec l’écrit : carnets, journal, nouvelles, récits, romans…

Et nous aurons toujours ces moments de convivialité : apéritifs, repas, signatures de livres avec les auteurs présents (à la bouquinerie Les Fleurs Bleues) qui permettent d’avoir toutes les conversations que l’on souhaite.

AVEC QUI ?
Avec Marie Desplechin (écrivain), Serge Bramly (écrivain, auteur d’Orchidée Fixe, sous réserve), Blandine Masson (productrice France Culture), Bruno Tackels (auteur de Walter Benjamin, une vie dans les textes), Philippe et Scarlett Reliquet (auteurs de Henri-Pierre Roché, l’enchanteur collectionneur et de Correspondance Roché-Duchamp), Sabrina Dubbeld (historienne d’art), Marie-Françoise Peteuil (auteure de Helen Hessel, la femme qui aima Jules et Jim), Pascal Ory (historien), Aline Petitier (Psychanalyste), Catherine DuToit (université de Stellenbosch, Afrique du Sud), Giusy DeLuca (université, USA), Xavier Rockenstrocly (président de l’association Jules&Jim)… Comédienne : Nadine Despert

OÙ CELA SE DEROULE-T-IL ?
A l’école de Beauvallon (quartier Beauvallon, Dieulefit) qui accepte une nouvelle fois de nous recevoir avec générosité. Roché lui-même y résida durant la seconde Guerre Mondiale au milieu des enfants de cette école unique dirigée par Marguerite Soubeyran. L’école met ses salles de réunion à notre disposition gracieusement.

L’école de Beauvallon peut nous loger : elle dispose d’un internat – avec son confort. Elle met aussi à notre disposition cuisine et salles à manger : des repas seront servis vendredi soir, samedi et dimanche midi. Il suffit de s’inscrire pour que l’intendance suive : la participation aux frais de personnels, nourriture, ménage… s’élève à 50€ pour le week-end. Si vous souhaitez dormir sur place, la participation est de 25€ par personne pour les deux nuits. Le prix du concert est de 10€.

Nous vous proposons un forfait : repas, logement, concert et adhésion à l’association pour 100 €.

INSCRIPTIONS (avant le 14 juin) :
Il suffit d’indiquer vos coordonnées, de dire quelle formule vous choisissez par courriel à
association[at]jules-et-jim.org ou par courrier à :

Association Jules&Jim
58 rue Rochon
69270 COUZON AU MONT D’OR