mardi 28 février 2012

Gide à Cerisy



Du 27 août au 3 septembre 2012, le Centre Culturel International de Cerisy-La-Salle accueille le colloque « André Gide et la réécriture. L’œuvre comme carrefour ». Sous la direction de Clara Debard, Pierre Masson, Jean-Michel Wittmann, avec le soutien de la Fondation Catherine Gide, de l’Association des Amis d’André Gide et de l’Université de Lorraine (Centre d'Etudes littéraires Jean Mourot et Centre Ecritures, EA 3943).

Programme :


Mardi 28 août
matin :
Ouverture (Clara DEBARD, Jean-Michel WITTMANN)
Christine ARMSTRONG : Le message des 1001 Nuits
Jean BOLLACK : Relire et réécrire la tragédie



après-midi : 
Lise FORMENT : Gide, un classique "au second degré" ?
Pierre LACHASSE : Palimpsestes fins de siècle

Mercredi 29 août
matin :
Frédéric CANOVAS : André Gide en ses intérieurs
Patrick POLLARD : Gide et les jardins d'Épicure


après-midi :
Gian Luigi DI BERNARDINI: La parole gratuite et le rôle du lecteur
Jean-Pierre PRÉVOST: De l'art de réécrire ses données familiales 
(soirée : film)

Jeudi 30 août
matin :
David H. WALKER : Les ré-écritures de L’Ecole des femmes
Jocelyn VAN TUYL : La réécriture du journal de guerre, 39-45

(après-midi libre)

   
Vendredi 31 août
matin :
Clara DEBARD : Réécriture de Saül; du texte à la scène
Sophie GAILLARD : Le plateau, à la lettre: exigences et influences. De l'écriture dramatique à l'écriture scénique des Caves du Vatican (1948-1951)


après-midi :
Eric MARTY : La scène de la rue Lecat
Peter SCHNYDER : Entre journal et mémoires: le De me ipse

                   

Samedi 1er septembre
matin :
Jean-Michel WITTMANN: Gide romancier (et) critique, ou la réécriture comme combat
Justine LEGRAND: De L'Immoraliste à La Porte étroite: prolongement et légitimation 

après-midi : 
Stéphanie BERTRAND: L'aphorisme gidien: un palimpseste ? 
Martine SAGAERT: L'œuvre de Gide: de la notion d'appendice et de ses conséquences 


Dimanche 2 septembre
matin :
Anne-Sophie ANGELO: Ménalque aux multiples visages: intertextualité virgilienne, poétique gidienne et pratique de la lecture
Alain GOULET: La femme sacrifiée ou la malédiction de l'amour

après-midi : 
Pierre MASSON : De Narcisse à Méduse, jeux de regard dans l'imaginaire gidien
 Hédi KADDOUR : De la croyance au crédit dans Les Faux-Monnayeurs


Lundi 3 septembre
matin :
Sandra TRAVERS DE FAULTRIER: Corps à corps avec la temporalité
Carmen SAGGIOMO : Réécriture des Nourritures terrestres à travers les traductions italiennes
Conclusion : Pierre MASSON


Retrouvez les résumés des communications et les modalités d'inscription sur le site du Centre Culturel International de Cerisy-La-Salle.

 Le château de Cerisy accueille un nouveau colloque Gide

Les débuts d'André Gide

Le très intéressant Alamblog retrouvait le 12 février dernier les Débuts coïncidents de Marc Stéphane et André Gide, faisant l'objet du Bulletin bibliographique de La Grande Revue du 25 octobre 1891 :

C'est un fort gracieux volume que A toute volée, signé d'un nom nouveau dans les lettres, MARC STÉPHANE*. Ça et là certaines notes provençales rappellent les Lettres de mon Moulin, mais des lettres où passerait un souffle de corruption parisienne. M. MARC STÉPHANE n'écrit pas, eu effet, pour les petites filles dont on découpe le pain en tartines. Certains de ses récits sont pimentés à la Mendès. Nous citerons notamment Augusta et l’Ecrevisse ; mais ce n'est pas de là que lui viendront ses succès, et combien on goûtera mieux En passant ou Minette !

Un cahier blanc et un cahier noir, « œuvre posthume », dit la première page du livre, viennent de paraître sous le titre des Cahiers d'André Walter, à la librairie de l'Art indépendant, 11, Chaussée d'Antin. C'est une œuvre étrange, décousue, peut-être les éléments d'un livre qui devait les réunir sous une forme déterminée ; en tous cas, c'est un livre tout plein de spéculations philosophiques, d'observations du moi qui sont loin d'être banales, livre moderne s'il en fut et par ses qualités et ses défauts. Il y a là-dedans une force réelle, naturelle comme la vapeur.

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* Le même Alamblog avait déjà consacré ici un billet à Marc Stéphane.

lundi 27 février 2012

Une thèse retrouvée



Dans le cadre de ses recherches pour son doctorat sur l’intertextualité chez Nathalie Sarraute, où il essaie de démontrer l’influence des Faux Monnayeurs sur Le planétarium, Rainer Rocchi a l'amabilité de nous signaler qu'il a retrouvé un document important :

« Ceci m’a conduit à rechercher activement une thèse de 1969 », explique Rainier Rocchi, « signalée dans de nombreuses anciennes bibliographies, mais qui n’est pas répertoriée dans le Catalogue Sudoc, et était introuvable dans les catalogues des bibliothèques Universitaires de Paris, et était donc devenue inaccessible au Prêt Entre Bibliothèques.
Grâce à la BU de Nice et au service Ruedesfacs cette thèse de 1969 a été retrouvée, répertoriée à nouveau et est donc désormais disponible à la consultation.

Il s’agit de :

BOULLÉ (Margaret Pilcher) : La remise en question du personnage : Les Faux-monnayeurs et le nouveau roman,[suivi d’interviewes inédites d’A.Robbe-Grillet, N.Sarraute et M.Butor].- sous la direction de Robert Ricatte.- Thèse de doctorat de l’Université de Paris (Faculté des Lettres et Sciences Humaines), 1969.-398p.- Cote : WUNIV 4= 1969-77.
- Interview avec Alain Robbe-Grillet réalisée en octobre 1967) : p.334-342.
- Interview avec Nathalie Sarraute (réalisée en novembre 1967) : p.343-354.
- Interview avec Michel Butor (réalisée en mai 1967) : p.355-372.

Il s’agit d’un travail consciencieux tendant à démentir les positions excessivement sévères, les préventions injustifiées des Nouveaux Romanciers contre le Gide des Faux-Monnayeurs (inexplicablement Sarraute est la plus virulente, refusant d’admettre toute convergence, se contentant de répéter la position qu’elle exprimera à nouveau dans La Quinzaine Littéraire en 1969, et Butor (évidemment) le plus « doctoral », soulignant par exemple que, sur l’homosexualité, la sincérité de Gide l’a empêché d’atteindre à la profondeur que Proust a su tirer du travestissement). Mme Boullé, dès 1969, soulignait combien, par le traitement du personnage mais aussi et surtout par le nouveau rapport établi avec son lecteur, ce roman gidien est bien le premier de ces anti-romans que Sartre allait définir dans sa préface de Portrait d’un inconnu de 1947 (« il s’agit de contester le roman par lui-même, de le détruire sous nos yeux dans le temps qu’on semble l’édifier.» (repris dans Sartre, Situations IV, p.9) et qui allait servir de manifeste à la nouvelle école. »

jeudi 23 février 2012

Dix parutions


Biographies

Après les biographies signées Annie Cohen-Solal en1980 et Pascal Ory en 2005, c'est au tour d'Yves Buin de se pencher sur le destin de l'auteur d'Aden Arabie et Les Chiens de garde, dans Paul Nizan. La Révolution éphémère (Denoël, 2011, 23€). Médecin pédopsychiatre, musicien et auteur de romans policiers, on doit déjà à Yves Buin une biographie de Kerouac et celle de Céline parue en Folio.

Lors de la présentation du livre à la librairie Tschann-Paris, Yves Buin revenait sur les rencontres de Nizan avec Sartre, Malraux et Gide






Autre biographie parue en fin d'année dernière : Malaquais Rebelle (Le Cherche Midi, 2011, 18€) qu'on doit à Geneviève Nakach. La présidente de la Société Jean Malaquais a soutenu une thèse sur l'auteur des Javanais en 2005 et a co-signé avec Pierre Masson l'édition de la Correspondance Gide-Malaquais (Phébus, 2000).

"Cette biographie, précise et fort bien documentée, rend justice à l'écrivain, mais aussi à l'homme, éternel insoumis, fidèle jusqu'au bout à ses idéaux de gauche, marxiste, mais farouchement antistalinien, ami de Gide et de Norman Mailer.", écrivait Michel Abescat dans Télérama le 14 décembre dernier.


Essais

Les études sur Pierre Klossowski sont assez rares pour être signalées. Dans Anamnèses. Essai sur l’œuvre de Pierre Klossowski (Hermann, coll. Fictions Pensantes, 2012), Thierry Tremblay, spécialiste des rapports entre littérature, philosophie et théologie, tente de remonter aux sources ésotériques des essais de Klossowski. Présentation de l'éditeur :

"Écrivain et philosophe, traducteur, peintre, théologien, secrétaire d’André Gide, ami de Georges Bataille, proche de Michel Foucault et de Gilles Deleuze, Pierre Klossowski a exercé une influence aussi considérable que souterraine sur son époque. Ses écrits littéraires et philosophiques constituent sans conteste l’une des œuvres les plus exigeantes de la littérature française. Pour en mesurer la portée, il faut interroger ses relations avec l’occultisme et sa définition paradoxale de la fiction. C’est ce que fait Thierry Tremblay dans cet essai, à partir d’une enquête originale sur les sources ésotériques de l’auteur des « Lois de l’hospitalité », et d’une analyse approfondie des dispositifs du « Bain de Diane » et du « Baphomet ». Il démontre, sans Marx ni Lacan, mais avec Thomas d’Aquin et Nietzsche, que pour Klossowski le rôle de l’art est de dire l’être en créant de nouveaux mythes."



Dans Littérature et Environnement. Pour une écocritique comparée (Ed. Honoré Champion, 2012, 25€), Alain Suberchicot analyse et met en parallèle les façons d’habiter le monde qu'ont de nombreux auteurs de tous les continents, parmi lesquels Gide. Présentation de l'éditeur :

"Pour comprendre de quelle manière la littérature se saisit des questions d’environnement, une écocritique comparée est à construire. Ce livre est un essai de mise en mitoyenneté de textes marqués par des voyages, des lieux, des pays, des continents qui ne sont pas superposables, tant est grande la variété des circonstances et des configurations sociales qui les caractérisent. Le champ d’étude est vaste, mais ont été retenus des auteurs estimés représentatifs écrivant en trois langues : l’anglais, le français et le chinois. Dans un contexte culturel mondialisé, les idées circulent, et se répondent d’un côté à l’autre des clôtures censées enfermer les mondes en eux-mêmes, et des limites qui sont autant d’appels à rendre visite à ses voisins, si distants soient-ils à interroger les manières d’habiter le monde. Parmi les écrivains évoqués : Edward Abbey, Rick Bass, Rachel Carson, Annie Dillard, Aldo Leopold, Barry Lopez, John Muir, Hélène Cixous, Marguerite Duras, Jean Henri Fabre, André Gide, Julien Gracq, J.M.G. Le Clézio, Claude Lévi-Strauss, Jean Rolin, Victor Segalen, Mahi Binebine, Ma Jian, Han Shaogong, Gao Xingjian, ou encore Lin Yutang"



En Espagne vient de paraître Gide-Barthes. Cuaderno de niebla (Montesinos, 2012, 22€), un essai dans lequel le journaliste J. Benito Fernández s'amuse à relever les points communs entre Gide et Barthes, comme il l'expliquait récemment à Periodistas en Español

"Ils sont nés tous les deux en novembre, tous les deux dans la bourgeoisie, orphelins de père très jeunes, avec deux mères au caractère puissant, ils sont élevés par des femmes, ils sont homosexuels, coquets, mélomanes – tous deux apprendront le piano dans leur jeune âge – tuberculeux, protestants, ils seront marxistes et s'engageront aux côtés de la gauche, ils collaboreront au journal mythique Combat, ils se désengageront à la suite d'un voyage vers les « paradis socialistes » de l'URSS et de la République Populaire de Chine, ils ont été approchés par le pouvoir – Gide a dîné avec de Gaulle, Barthes s'est assis à la table de Giscard d’Estaing et Mitterrand – ils ont été deux grands hédonistes, ils aimaient le cirque... J'ai donc décidé d'écrire ce livre audacieux. Je dis audacieux parce que nombreux furent ceux qui me demandèrent : « Mais qu'ont-ils à voir l'un avec l'autre ? »" 
Si le journaliste tombe dans les poncifs de l'homosexualité et de la relation à la mère, son essai tombe à point nommé en Espagne où, explique J. Benito Fernández, "Gide aussi bien que Barthes sont peu lus. Et pourtant leurs œuvres sont toujours vivantes, on réédite leurs livres. Et l'on en donne toujours de nouvelles traductions. Pour Gide la mise à l'Index a été très préjudiciable. Le Vatican avait décidé que ce n'était pas un auteur sain pour les âmes catholiques. Gide a été un auteur très suivi en Espagne par la génération d'après-guerre, malgré sa condamnation par la gauche en raison de ses critiques du « paradis socialiste soviétique ». Aujourd'hui, la plupart des jeunes ne sait même pas qu'il a été un prix Nobel. Et chez Barthes on continue à ne voir que le critique (le structuralisme est encore d'actualité) au détriment du créateur, qui est pour moi sa facette la plus intéressante."


Retours de Russie


Souvenez-vous. En mai 2010 nous signalions ici même le voyage de quinze écrivains à bord du transsibérien à l'occasion de l'année de la Russie. Deux d'entre eux ont rapporté un livre de ce voyage promis "dans les pas de Gide". Et effectivement, Danièle Sallenave place SIBIR Moscou-Vladivostok (mai-juin 2010) (Gallimard, 2012, 19,23€) sous la houlette de Gide, dès cette épigraphe : "Trop souvent la vérité [sur la Russie] est dite avec haine, et le mensonge avec amour."
"Daniel Sallenave dans les pas de Gide", c'est aussi ce que titrait l'Humanité pour évoquer ce livre.



Transsibérien (Grasset, 2012, 21,50€), c'est le nom du livre rapporté par Dominique Fernandez du même périple. Un récit qui suit très exactement celui de Danièle Sallenave, et va lui aussi jusqu'à évoquer le Retour de l'URSS puisque les écrivains sont là, comme Gide en son temps, dans l'espoir d'un "Retour sur investissement"... On pense à Cousu de fil rouge, l'étude sur les voyages en URSS paru le mois dernier et annoncée ici.


Nourritures inactuelles


"C’est une relecture des Nourritures terrestres qui m’a incité à risquer ces pages", confie Denis Tillinac, auteur d'un essai intitulé Considérations inactuelles (Plon, 2012, 16€). "Je n’ai pas l’outrecuidance de me comparer à Gide, et il y a loin de la prétendue Belle Epoque à la nôtre. Ce petit livre n’est pas un précis de morale mais une simple mise en garde, d’aîné à cadet, ou à cadette : un nihilisme habillé de fausses vertus abuse les consciences et je souhaite qu’une autre génération ne se laisse pas flouer comme la mienne. Ma vie aurait connu des embellies plus franches si à l’âge des commencements
une plume amie m’avait alerté sans me désenchanter. Tel n’aura pas été le cas ; j’ai caboté tout seul sur des esquifs d’infortune, à contre-courant de mon époque. Si je m’adresse à toi, c’est pour que tu te sentes moins seul que je ne le fus à l’heure des décollages. Ce vers quoi nous dérivons tous n’est ni rassurant ni exaltant, mais il ne tient qu’à toi de t’en évader. Toi avec d’autres : si vous êtes nombreux à déserter le champ clos et miné des idées convenues, une espérance poindra en place de vos désarrois.
"


Actes en ligne


Le site Fabula vient de mettre en ligne Jules Lemaitre: « un don d'ubiquité familière », les actes de la Journée d’études du 3 décembre 2010, organisée par D. Pernot à l'Université d’Orléans dans le cadre du Programme ANR HIDIL (Histoire des idées de littérature, 1860-1940). Parmi les six communications, citons celle de Jean-Michel Wittmann : Jules Lemaitre au miroir d’André Gide.



Curiosités

Il y a deux ans, citant très sérieusement Jean-Baptiste Botul, Bernard-Henri Lévy partageait un peu de ses paillettes avec le non moins sérieux canular de Frédéric Pagès et Jacques Gaillard... Ce dernier commente la correspondance de Botul avec lui-même, sous-titrée Du trou au tout (La Découverte, 2012, 12€). Un article du site Evène nous apprend que le glorieux philosophe auteur de La vie sexuelle d'Emmanuel Kant ou de Landru, précurseur du féminisme aime aussi à citer André Gide...



Gide continue enfin à sa faufiler ici et là dans les récits de souvenirs : un article récent de La Dépêche nous apprend que le metteur en scène Jean-Marie Besset "travaille à un Cid promis à Carcassonne, qui sera finalement créé en décembre à Montpellier. Et à l'écriture de "Odette et Gide à Ginoles", une évocation de l'écrivain, de sa grand-mère et de 1940 à Ginoles."

mardi 21 février 2012

Colloque et séminaire

 
Le voyage politique des écrivains et des cinéastes (1920-2010) colloque le 8 mars 2012 à Lyon (Université Lumière Lyon 2, Grand Amphi, 18 quai Claude Bernard, Lyon 7e) et le 9 mars 2012 à Grenoble (Université Stendhal Grenoble 3 Amphi MSH Alpes Campus, allée centrale). 

Le 8 mars à 10h30, intervention de Frank Estelmann (Johann Wolfgang Goethe-Universität Frankfurt am Main) : « Ce démon glacial de l’information » Politique coloniale et africanisme dans les récits de voyage en Afrique noire française d’Albert Londres, d’André Gide et de Michel Leiris.


Présentation :
"D'Aragon au congrès de Kharkov à Sartre à Cuba en passant par Gide et Allégret au Congo, de Malraux en Espagne à Genet en Palestine, de Chris Marker en Guinée-Bissau et au Japon à Claude Lanzmann en Israël et Pologne, la figure de l'intellectuel écrivain et/ou cinéaste a eu maintes occasions au XXe siècle d'exercer, au fil de ses voyages politiques, avec plus ou moins de sagacité, une perception géolittéraire ou géofilmique de son temps"








Séminaire proposé par l'Université Populaire de Lausanne : « André Gide, le contemporain capital », par Christophe Calame. Les jeudis de 18h30 à 20h, du 26 avril au 31 mai (5 séances). A la Haute Ecole Pédagogique, salle 720, avenue de Cour 33 à Lausanne. Prix : CHF 100.00

vendredi 17 février 2012

BAAG n°173

Dans le BAAG n°173, la première partie de "Mon ami André Gide", 
traduction française inédite du témoignage de Jef Last


Le Bulletin des Amis d'André Gide, quarante-cinquième année, volume XL, n° 173 de janvier 2012 vient de paraître. Au Journal de Robert Lévesque succède la première partie de Mon ami André Gide, le livre de souvenirs de Jef Last paru en 1966 aux Pays-Bas sous le titre original Mijn vriend André Gide. Traduit du néerlandais par Basil D. Kingstone, cet ouvrage inédit en français apporte un nouvel éclairage depuis le cercle des amitiés gidiennes.

Plus libre que Roger Martin du Gard dans ses Notes sur André Gide, moins sarcastique que Pierre Herbart dans son A la recherche d'André Gide, deux livres cités dès les premières pages par Jef Last, celui-ci n'en garde pas moins son esprit "non prévenu" abordant de façon franche et sans gidolâtrie tous les sujets, à commencer par la sexualité gidienne. Comparant les confidences qu'il a recueillies à celles des lettres à Claudel, des échanges avec Du Bos aussi bien que du vrai dialogue possible avec Claude Mauriac, Jef Last apporte de nouveaux contrastes au portrait de Gide.

Au sommaire du BAAG n°173 :

Jef Last : Mon ami André Gide
Pierre Masson : Les Faux-Monnayeurs ou la quête de l'autre (suite et fin)
Stephen Steele : André Gide et Raymond Mortimer dans dans les chroniques, lettres et à dîner
Le Dossier de presse de Robert ou l'Intérêt général : Articles d'Yves Lévy, Robert Eckert, Danielle, Teddy Chemla, etc.
Lecture, par J. Claude : Je me suis bien a musée, par Martine Peyroche d'Arnaud
Chronique bibliographique - Souvenir de Pascal Mercier - Annonce du colloque Gide 2012 à Cerisy et Varia

Plus d'informations pour recevoir le BAAG et adhérer à l'Association des Amis d'André Gide sur cette page.



André Gide et Jef Last

dimanche 12 février 2012

... foyers clos...

Lu dans les Dernières Nouvelles d'Alsace du 12 février 2012 :


"STRASBOURG - Discorde autour d'une plaque funéraire sur une sépulture
Un conflit familial s'étale sur une tombe


Une famille a décidé de contester une décision de la mairie de Strasbourg qui a autorisé un nonagénaire à poser une plaque funéraire sur la stèle de son épouse défunte, avec la mention « Familles !..., je vous hais ! ».

«Une inscription particulière qui rend public un conflit d'ordre privé», selon Me Bleykasten. 
(PHOTO DNA — CÉDRIC JOUBERT) source

Les enfants étaient allés se recueillir sur la tombe de leur maman - décédée six ans plus tôt - dans un cimetière strasbourgeois. Un moment d'introspection qui a été bouleversé par la découverte d'une nouvelle plaque funéraire apposée sur la sépulture : « Familles !... je vous hais ! »

« II y a un côté malsain »

« Mon père a décidé l'an passé à la suite d'un conflit avec ma sœur de faire mettre cette plaque, s'étonne le fils de la défunte. Il a demandé l'autorisation à la maison des cimetières qui lui a formulé un refus. » Mécontent, le nonagénaire adresse un recours auprès du maire de Strasbourg. Cette fois, après une nouvelle concertation, il obtient l'autorisation de faire figurer la mention « Familles !... je vous hais ! » à la condition d'y joindre le nom de l'auteur, André Gide, et-celui de l'ouvrage dont la phrase est tirée, à savoir « Les Nourritures Terrestres ».
« La mairie de Strasbourg estime que cette mention n'est ni raciste, ni injurieuse, ni de nature à troubler l'ordre public, explique Me François Bleykasten, avocat des enfants de la défunte. Or il me semble que dans un lieu destiné au recueillement, cette inscription particulière rend public un conflit d'ordre privé. Il y a un côté malsain ».
« Même le graveur chargé de confectionner la plaque nous a assuré avoir été très surpris par l'inscription, note le fils de la défunte. Il n'avait jamais vu ça de sa carrière et avait du mal à comprendre qu'on puisse permettre de poser un tel message sur une tombe ».
« Du côté de la mairie, on se borne à nous dire que mon père est propriétaire de la concession et que ce n'est pas à eux de rentrer dans les conflits familiaux », reproche le fils A. 
La famille de la défunte a décidé de se retourner contre la mairie de Strasbourg au motif du respect dû aux morts. « Ma belle-mère adorait ses enfants et ses petits-enfants, confie Mme A. Régler ses comptes sur la tombe de sa femme, je trouve ça atroce. Indirectement, mon beau-père implique ma belle-mère dans ses querelles. » Malgré plusieurs tentatives pour joindre l'adjointe en charge de l'état civil, aucune réponse n'a été donnée par la mairie de Strasbourg. CÉL. L."

samedi 11 février 2012

Berenice Abbot au Jeu de Paume



 Après l'exposition consacrée à Gisèle Freund à la Fondation Pierre Bergé - Yves Saint-Laurent, le Musée du Jeu de Paume présente pour la première fois en France une grande rétrospective des œuvres de la photographe Berenice Abbott (1898-1991). A voir du 21 février au 29 avril 2012.



Présentation de l'exposition :

Avec plus de cent vingt photographies, des ouvrages originaux et une série de documents inédits, cette rétrospective dévoile, pour la première fois en France, les multiples facettes de l’oeuvre de la photographe américaine Berenice Abbott (1898‑1991), notamment célèbre pour avoir oeuvré à la reconnaissance internationale d’Eugène Atget. À Paris, où elle arrive en 1921, elle est formée par Man Ray avant d’ouvrir son propre studio et d’entamer avec succès une carrière de portraitiste. À New York, où elle est de retour en 1929, elle conçoit son projet le plus connu, Changing New York (1935‑1939), financé par l’administration américaine dans le contexte de la crise économique qui touche le pays.
Ses photographies prises en 1954 le long de la côte Est des États‑Unis, dont cette exposition offre une sélection inédite, témoignent pour leur part de sa volonté de représenter l’ensemble de ce qu’elle appelle la « scène américaine ». Enfin, au cours des années 1950, elle réalise pour le Massachusetts Institute of Technology (MIT) un corpus d’illustrations aux ambitions pédagogiques sur les principes de la mécanique et de la lumière.
Engagée dès les années 1920 auprès des milieux de l’avant-garde artistique, militant contre le pictorialisme et l’école d’Alfred Stieglitz, Berenice Abbott a consacré toute sa carrière à interroger les notions de photographie documentaire et de réalisme photographique. Montrant la richesse de cette démarche, la présente exposition révèle à la fois l’unité et la diversité de son œuvre.

André Gide c. 1925, par Berenice Abbott

Portraits


Au début des années 1920, installée à New York, Berenice Abbott entreprend de devenir sculpteur et fréquente la bohème de Greenwich Village. Elle y côtoie les poètes et artistes Djuna Barnes, Sadakichi Hartmann ou encore Marcel Duchamp et pose pour Man Ray. Confrontés à des conditions économiques difficiles et attirés par l’Europe alors symbole d’eldorado culturel, plusieurs membres de cette communauté émigrent à Paris pour y tenter leur chance, formant un groupe d’expatriés américains rejoint par Abbott en 1921.

En 1923, elle devient l’assistante de Man Ray qui a ouvert son atelier de portraits peu de temps après son
arrivée à Paris en 1921. Si la clientèle de l’atelier se compose en partie de touristes américains, Abbott est également immergée au cœur de la scène artistique d’avant-garde, et notamment surréaliste. Entre 1923 et 1926, elle est ainsi initiée à la pratique du tirage et au métier de portraitiste tout en bénéficiant d’une formation intellectuelle et artistique. Avant d’ouvrir son propre espace, elle utilise dans un premier temps l’atelier de Man Ray pour produire ses portraits puis inaugure avec succès son studio en 1926. Composée autant de personnalités françaises que d’expatriés américains, sa clientèle se répartit entre la société bourgeoise, la bohème artistique et le monde des lettres. Les portraits sont parfois empreints de traces plus ou moins évidentes de l’influence surréaliste, mais reflètent plus généralement un goût pour la mascarade, le jeu et le travestissement.

A. Gide, par B. Abbott  
André Gide c. 1925, par Berenice Abbott
Les modèles féminins expriment une forme d’ambiguïté sexuelle, perceptible grâce aux coupes de cheveux
et aux vêtements masculins laissant percevoir volontairement un trouble identitaire. La composition des portraits permet la mise en place d’une véritable esthétique, rejetant les conventions commerciales classiques. L’absence d’éléments de décor et le fond, réduit le plus souvent à un pan de mur neutre, isolent le modèle, insistant sur son attitude, la position de son corps et l’expression de son visage. L’usage d’un trépied et d’objectifs à longue focale placés à hauteur des yeux permet d’éviter les déformations et de bannir les effets de distorsion, assurant aux modèles une forte présence physique.

Au début de l’année 1929, Berenice Abbott quitte Paris pour New York où elle va poursuivre les mêmes activités et entreprendre des démarches similaires : ouvrir un nouvel atelier de portraits, participer aux manifestations en faveur de la photographie moderniste et veiller parallèlement à la reconnaissance d’Eugène Atget dont elle a acheté une partie du fonds en 1928.




Jeu de Paume - Concorde
1, place de la Concorde, 75008 Paris
accès par le jardin des Tuileries, côté rue de Rivoli
www.jeudepaume.org

http://lemagazine.jeudepaume.org

samedi 4 février 2012

Une anthologie du Journal en Folio


Folio fête cette année ses 40 ans. Née de la rupture de l'accord avec Hachette, qui publiait les auteurs Gallimard dans Le Livre de Poche, la collection est lancée en 1972. Plusieurs noms étaient envisagés alors : La Nouvelle poche, Bibliopoche, Minimax, Poche blanche et Blanche poche. Mais c'est finalement sous le nom Folio que dès 1972-1973 paraissent les 500 premiers titres.

La condition humaine d'André Malraux porte le numéro 1. Le premier titre de Gide arrive au numéro 18 : c'est La Symphonie pastorale. Il reste aujourd'hui encore la meilleure vente de Gide en Folio, estimée entre 2 et 3 millions d'exemplaires par Gallimard. Trois edelweiss ornent alors sa couverture – une image d'Yves Lanceau, futur grand photographe naturaliste – sur le fond blanc voulu par le graphiste et typographe Robert Massin.

En 1985 les photographies font leur réapparition sur les couvertures. Michèle Morgan chasse les edelweiss et le dessin pop des années 80. Puis dans les années 90 on choisit Matisse pour illustrer tous les Folio de Gide. Début 2009 la maquette est profondément bouleversée. Si le fond blanc demeure, la typographie devient plus commune et arbore d'étranges couleurs. Gide se voit attribuer le violet, et la photographie fait son retour. 


Une symphonie de couvertures Folio


Pour célébrer ce quarantième anniversaire, des éditions spéciales sous jaquette et à tirage limité paraîtront tout au long de 2012. En janvier c'est Gatsby le magnifique de Fitzgerald qui a ouvert la série, dans une nouvelle traduction (celle de la future Pléiade) mais sous une bien vilaine jaquette fuchsia (est-ce parce qu'il est l'éditeur de la blanche que Gallimard a autant de problèmes avec les couleurs ?)...

Le deuxième Folio Anniversaire qui vient de paraître est l'anthologie du Journal de Gide sélectionnée par Peter Schnyder et Juliette Solvès. Sous sa sobre jaquette bleue (même si ce n'est pas le bleu Gide : ouf !), ce recueil de 464 pages va enfin mettre le Journal de Gide à la portée du plus grand nombre. Peter Schnyder explique comment la sélection a été opérée dans le texte des deux volumes de la Pléiade :

« Le Journal d’André Gide peut être considéré comme la pièce maîtresse de l’écrivain. Texte original, transgressif à plus d’un titre par rapport à la morale courante – les tabous de la sexualité, les idées reçues, les lieux communs, les idéologies, la religion – à la fois sérieux et drôle, grave et léger, rapide et lent – il reste d’une ampleur et d’une amplitude insoupçonnées. Cette anthologie, qui se réclame de l’art de la réduction cher aux compositeurs, a pour but de rendre l’une et l’autre, quintessenciées.»



 

mercredi 1 février 2012

Dessins aux enchères



Mercredi 14 février à l'Hôtel Marcel Dassault sera dispersée la collection de dessins d'écrivains de Pierre et Franca Belfond. Une collection commencée par des dessins de Proust, achetés à Drouot en 1971, et qui s'est depuis considérablement enrichie : Apollinaire, Baudelaire, Burroughs, Cocteau, Eluard, Hugo, Mérimée, Rimbaud, Sand, Valéry, Verlaine... Deux dessins et une lettre qui sert de support nous intéressent plus particulièrement ici :




Lot 65
[André GIDE] KEYSERLING, Hermann


« André Gide dans sa jeunesse 1903 »

Dessin original, avec légende autographe signée en bas  « André Gide dans sa jeunesse 1903. Herm Keyserling ». Encre de Chine et plume, 13 x 21 cm, encadrement sous verre.

« La belle apparence d'un Mandchou » (Hermann Keyserling).
C'est lors de son séjour à Paris, entre 1903 et 1907, que le philosophe allemand Hermann Keyserling fréquenta André Gide. Il évoque ces moments dans ses mémoires, Reise durch die Zeit (1948-1963), plaçant la valeur de Gide dans sa sincérité et dans la beauté de son style, mais lui déniant une profondeur intellectuelle. Il raconte comment, par curiosité, il accompagnait Gide dans les milieux homosexuels et du spectacle, et trace de lui un portrait physique correspondant exactement au présent dessin :
« Er sah damals viel bedeutender aus als später, da Haar- und Bartlosigkeit seinem Antlitz die Tiefe genommen haben [...]. Damals, wo Gide die schwarzen Hinterkopfhaare tief in den Nacken hingen, wirkte sein kahler Schädel mächtig, und der ebenfalls lang herabhängende schwarze Schnurrbart vollendete sein Gesicht zu schöner Mandschu-Ähnlichkeit. »
[Traduction : « Il avait à l'époque un air plus important qu'il n'eut plus tard, sa calvitie et sa glabreté ayant ôté toute profondeur à sa face [...]. À l'époque où Gide faisait pendre ses noirs cheveux de derrière sur sa nuque, son crâne chauve faisait un effet puissant, et sa moustache noire, également longue et pendante, achevait de donner à son visage la belle apparence d'un Mandchou. » (vol. I, chapitre IV).]

Dessin contresigné par Georges Simenon :
« Georges Simenon, ami des deux »

Gide et Keyserling furent tous deux des admirateurs du talent prolifique de Simenon. Gide fut parmi les premiers à lui apporter la reconnaissance du milieu littéraire. Dans son Journal, il indique en 1944 qu'il vient de « dévorer d'affilée huit livres de Simenon », et consigne encore le 8 janvier 1948 une « nouvelle plongée dans Simenon ». Le 13 janvier 1948, il analyse ainsi son attirance :
« Les sujets de Simenon sont souvent d'un intérêt psychologique et éthique profond ; mais insuffisamment indiqués, [...] comme s'il s'attendait à être compris à demi-mot. C'est par là qu'il m'attire et me retient. [...] Il fait réfléchir ; et pour bien peu ce serait le comble de l'art ».
Le comte Keyserling, dans le 25e cahier (1936) de sa chronique annuelle Der Weg zur Vollendung, fit également l'éloge de Simenon, qu'il classe aux côtés de Balzac pour l'inventivité et le talent.
« Jedes "plot" ist neu und originell. Und die Darstellungskraft ist so groß, daß wenige kurze Striche allemal eine Landschaft, eine Situation, eine Seelenstimmung nicht nur anschaulich bestimmen, sondern zwingend in der Seele des Lesers neu entstehen lassen. Handele es sich um französische Provinz, Paris, Holland, das tropische Afrika, Seemanns- oder Verbrechermilieus, innere oder äußere Konflikte : in jedem mir bekannten Fall sieht man ein wahrhaft riesenhaftes Talent am Werk. »
 [Traduction : « Chaque intrigue est nouvelle et originale. La force d'évocation est si grande que quelques traits brefs non seulement définissent à coup sûr, mais, par force, font à nouveau naître dans l'âme du lecteur un paysage, une situation, une atmosphère. Qu'il s'agisse de la province française, de Paris, de la Hollande, de l'Afrique tropicale, du milieu maritime ou criminel, de conflits intérieurs ou ouverts, dans chacun des cas que je connais on voit à l'œuvre un talent vraiment gigantesque ».
Dans ses mémoires, Keyserling revint sur le cas Simenon, lui ajoutant une comparaison avec Dostoïevski, et racontant comment il avait été frappé d'apprendre, lors d'une rencontre avec l'écrivain, que celui-ci prenait tous ses sujets dans la réalité.

Exposition :
L'ÉCRIT, LE SIGNE. Paris, Centre Georges Pompidou, BPI, 23 octobre 1991-20 janvier 1992. Reproduction p. 62 du catalogue.

Estimation 1.500 – 2.000 €






Lot 74
MARTIN DU GARD, Roger

Autoportrait

Dessin original, avec légende d'une autre main : « Roger Martin du Gard vu par lui-même à La Coquille, Nice, le 21 mai 49 ». Mine de plomb, 13, 7 x 12, 8 cm, sur un coin de nappe en papier, encadrement sous verre.

L'auteur des Thibault, qui séjournait régulièrement à Nice depuis 1934, poursuivait alors la rédaction de son roman Le Lieutenant-colonel de Maumort (inachevé à sa mort). Il publia en cette année 1949 sa traduction française d'Olivia, livre de la grande amie de Gide Dorothy Strachey, et, après avoir perdu sa femme en octobre, cesserait dès lors de tenir son journal.

Bibliographie :
DESSINS D'ECRIVAINS. Paris, Éditions du Chêne, 2003. Reproduction p. 61.

Estimation 1 000 - 1 500 €





 


Lot 121
SARTRE, Jean-Paul


Croquis et notes

Dessins originaux, avec notes autographes, sur une p. de 20, 5 x 13 cm, encadrement sous verre.

Sartre a dessiné un plan, deux bâtisses, une tente, un véhicule, et inscrit : « Julliard. 14 h. - vendredi », « statue du Christ », « chaire ». D'après Jean Cau, qui fut le secrétaire de Sartre de 1946 à 1957, les présents dessins se rapporteraient au séjour que l'écrivain aurait effectué en Italie en 1951, alors qu'il souhaitait écrire le récit de ses voyages dans ce pays (La Reine Albemarle ou le Dernier touriste, paru en 1991).

Les dessins de Jean-Paul Sartre sont très rares.

Sartre a ici utilisé le verso d'une lettre autographe signée de Gide à lui adressée, s.l., 21 novembre 1950 :
« Cher Sartre, bien décevant ce livre de Briand, que vous avez la gentillesse de me communiquer. Et le livre des Tharaud sur Barrès, que j'avais relu avant de vous le faire parvenir, m'avait également paru mériter mal ce que j'avais pu vous en dire. Espérons du moins que le Journal du Berger sera plus récompensant. Je voudrais vous le remettre de main à main, car je souhaite vivement vous revoir ; mais, depuis quelque temps, me sens si fatigué, que forcé de vous prier de différer un peu cette visite que vous me proposez si aimablement. À bientôt tout de même et bien attentivement votre
André Gide »

L'amitié entre Sartre et Gide : Sartre avait rencontré l'écrivain pour la première fois en 1939, et, quand il fonda en 1941 un groupe de résistance, retourna le voir à Grasse pour établir des contacts avec les intellectuels de la zone libre. Après la guerre, il se revirent à trois ou quatre reprises avec plaisir, dont une durant l'été 1950 - à cette occasion Marc Allégret tourna une séquence (non retenue ensuite) de son film Avec André Gide montrant les deux écrivains en conversation dans le jardin. En mars 1951, Sartre publia dans Les Temps modernes un bel hommage à Gide décédé le mois précédent.

Provenance :
Collection Jean Cau

Estimation 1 500 - 2 000 €


Vente Artcurial n°2129
Commissaire-priseur : Hervé Poulain
Exposition du 11 au 13 février, de 11h à 19h
Vente le 14 février à 14h30.
Hôtel Marcel Dassault
7 rond-point des Champs-Élysées
75008 Paris
Catalogue en ligne et à télécharger sur le site Artcurial.