samedi 29 janvier 2011

ביצות

André Gide, l'inquiéteur
de Frank Lestringant,
Flammarion, 2011
1100 p., 35€, ISBN 9782080687357

On connaît la première de couverture du premier des deux tomes de la nouvelle biographie de Gide signée Frank Lestringant et qui paraîtra le 23 février chez Flammarion. Le livre est déjà en pré-commande chez vos vendeurs préférés. Présentation de l'éditeur :

"André Gide a créé le mot d’inquiéteur. Il a voulu être l’inquiéteur de son siècle. Or qu’est-ce qu’un inquiéteur ? Dans le sens premier, quelqu’un qui sème le doute et le trouble. Un trouble-fête, un empêcheur de tourner en rond. C’est ainsi que Gide a d’abord qualifié son camarade Pierre Louÿs, porté au canular et qui, du temps de leur jeunesse, l’accablait de ses farces de mauvais goût. Ce terme péjoratif, Gide, plus tard, se l’approprie en lui donnant un sens positif. Il en fait un programme de vie ; il y découvre le sens de sa mission. Tel qu’il le conçoit alors, l’inquiéteur, c’est celui qui empêche la société de s’endormir, en la provoquant. Un peu plus qu’un éveilleur, l’inquiéteur révèle le dessous des cartes et jette le trouble dans les esprits.
Par quel processus Gide en est-il venu à revendiquer un tel titre, et à faire du personnage du grand écrivain qu’il incarne, non pas le porte-parole de la société, mais son contraire, un dissident qui la défie, un adversaire qui remet en cause ses valeurs, brouille ses repères les plus stables, dénonce son hypocrisie foncière ? C’est ce que ce livre s’emploie à montrer.
Ce premier volume embrasse les cinquante premières années de la vie de Gide, de 1869 à 1918 et de la chute du Second Empire à l’armistice de Rethondes. Il correspond à la période de la formation, de l’affirmation et de la crise décisive d’où émergeront les choix cruciaux de l’entre-deux-guerres."


On apprend également la parution d'une traduction de Paludes en hébreu signée Eran Dorfman, sous une couverture assez originale :


Paludes, André Gide,
traduit en hébreu par Eran Dorfman

Cette parution donne lieu à une soirée à l'Institut français de Tel-Aviv autour du thème "Ces littérateurs, tous insupportables ?" le jeudi 3 février 2011 à 20h. Présentation de l'Institut :


Paludes décrit une semaine au jour le jour de la vie d’un écrivain qui essaye désespérément d’achever l’écriture d’un livre sur les « paludes » littéraires.
Il admire les littérateurs et les déteste. Il recherche leur compagnie et tient en horreur leurs propos. Il déplore leur prétention et pourtant se sent contraint de les rencontrer encore et encore, jusqu’à déclarer au final :
« ces littérateurs, tous insupportables ! »

Le narrateur de Paludes a-t-il encore raison aujourd’hui ?
Eran Dorfman (philosophe et traducteur de l’ouvrage), Shimon Adaf, écrivain, poète et éditeur, Benny Ziffer, écrivain et rédacteur en chef du dossier littéraire de Haaretz et Ilai Rowner, chercheur en littérature tenterons de répondre à la question par une promenade en littérature autour de l’écriture et plus généralement de la création en un mot : de la vie !

Lecture :
Nimrod Reitman

Soirée en hébreu - entrée libre
Renseignement et inscription : 03-796 80 00
Institut français
7, boulevard Rothschild Tel-Aviv


jeudi 20 janvier 2011

Céline, entre injure et critique

L'actualité célinienne est des plus vives puisque l'anniversaire de la mort de l'écrivain Louis-Ferdinand Céline donne lieu à une controverse et surtout à un colloque international les 4 et 5 février prochains au Centre Pompidou. Pour toutes ces informations, je vous renvoie vers l'excellent blog Le Petit Célinien.

Il y a quelques mois a paru l'un de ces livres écrits à l'agrafeuse intitulé le Dictionnaire des injures littéraires de Pierre Chalmin (L'Editeur). On y trouve un peu de tout, et de n'importe quoi, Pierre Chalmin mélangeant les injures vraies à la simple critique ou aux coups de griffes mollassons, et surtout les écrivains aux politiciens et chanteurs de variétés. Mais à l'heure d'un vocabulaire appauvri, du règne du politiquement correct et de la judiciarisation des rapports humains, ne boudons pas notre plaisir*.

On pourra toutefois critiquer le choix de l'extrait d'une lettre de Céline au professeur Milton Hindus pour les « injures » concernant Gide (le choix ne manquait pourtant pas). Il faut beaucoup sortir cet extrait de son contexte pour arriver à y lire une insulte : « en fait de création littéraire de Gide je n’en perçois pas l’atome » relevant plutôt de la critique et tout le reste de « l'outrance outrée » un peu inculte, assez commune et même mezzo voce sous la plume de Céline. Ce Dictionnaire des injures retient donc :

« GIDE (André)
(1869-1951)
écrivain français

Gide — sa gloire est d’avoir rendu ou re-rendu l’enculage licite dans les meilleures familles — (de la néosocratie)… Gide a droit à toute la reconnaissance des jeunes bourgeois et ouvriers que l’anus tracasse… oh ! tu vois maman Gide notre plus grand écrivain français trouve que se faire enculer est parfaitement légitime, louable, artistique, convenable… Très bien mon fils, je t’en bénis, répond la mère qui au fond ne demande pas mieux — Tous les homosexuels sont d’admirables fils. Je n’ai rien contre les enculés croyez-le… mais en fait de création littéraire de Gide je n’en perçois pas l’atome.
Louis-Ferdinand Céline
Lettre à Milton Hindus, 11 juin 1947 »**

Voici l'occasion de donner ici dans son intégralité ce document souvent cité, tant pour le style et les goûts littéraires de Céline, que sur Proust ou Gide :


« Le 11 juin 47

C/Mikkelsen, 45 A Bredgade, Coperihagen

Cher Hindus,

Mille fois touché par votre gentillesse à vous occuper de ces trivialités d'édition. Très bien ! Parfait ! Je signerai le papier Laughlin dès qu'il l'aura fait parvenir. Et vogue la galère ! Il versera l'argent au compte de Mikkelsen à New York, qui lui-même, ici, m'avance une petite subsistance mensuelle (700 couronnes par mois). Ainsi il se trouvera remboursé — et tout sera parfait. Rien de nouveau au point de vue juridique. Mikkelsen doit revenir de Paris le 15. Il aura vu mes deux avocats français Naud et Fourcade. Je ne sais pas ce qu'ils ont tarabiscoté... Je voudrais surtout qu'on me fasse sauter mon mandat d'arrêt (Warrant) en vertu de l'article 75 ! Trahison ! Mais la France est folle en ce moment, vous le savez ; ivre de haines politiques ; ces crises sont habituelles dans son histoire. La France a d'ailleurs toujours très maltraité les écrivains (les Grecs de même !). Il a presque fallu qu'ils échappent tous au bourreau — un moment ou l'autre — la France et les Français ne méritent pas leurs écrivains dont ils tirent grande gloire ou gloriole ! L'histoire littéraire française est une histoire de persécutions perpétuelles ; les prétextes sont innombrables. Je ne connais pas Camus, je ne l'ai jamais lu, mais je connais les pièces de Sartre, ce sont en somme des naturalistes modernisés, freudisés, pourquoi pas ? Des Zolas plus intelligents. Tout ceci est bien dans la tradition française, ce qui leur vient de moi je n'en sais rien, ni chez Miller. Je crois être surtout un styliste. Je vous le répète, ce qui m'intéresse, c'est le « rendu émotif » par les mots...

Tous ces admirables auteurs ne jouent pas assez près du nerf à mon sens... en un mot je hais la prose... je suis poète et musicien raté, c'est le message direct au système nerveux qui m'intéresse, ce babillage m'assomme. Vive Aristide Bruant, Barbusse (du « Feu »), HORREUR de ce qui explique... Proust explique beaucoup pour mon goût. Trois cents pages pour nous faire comprendre que Tintin encule Tatave, c'est trop. Je suis aussi pressé en ce sens qu'un Américain le plus pressé; même tabac pour Gide, sa gloire est d'avoir rendu ou re-rendu l'enculage licite dans les meilleures familles (de la néo-socratie). Moi je veux bien. Je trouve cela aussi parfait, mais vite s'il vous plaît. Toute l'œuvre de Shakespeare tient en 500 pages ! « Le Misanthrope », 30 pages, à peine, laconisme ! Gide a droit à toute la reconnaissance des jeunes bourgeois et ouvriers que l'anus tracasse... « Oh ! tu vois, maman, Gide, notre plus grand écrivain français, trouve que se faire enculer est parfaitement légitime, louable, artistique, convenable... — Très bien, mon fils, je t'en bénis », répond la mère qui, au fond, ne demande pas mieux. Tous les homosexuels sont d'admirables fils. Je n'ai rien contre les
enculés, croyez-le— mais en fait de création littéraire de Gide, je n'en perçois pas l'atome. Il a du goût, du discernement, je crois que c'est un excellent critique, rien de plus. Il a notamment découvert Eugène Dabit (décédé), que l'on prône par « l'Hôtel du Nord », mais dont je vous recommande le roman peu connu, l'âme française à l'état pur, « la Vieille Oasis » — Je ne renie pas Sartre certes, ni Camus, ni Miller — pour tout le bien qu'ils me veulent je dois confesser cependant que je trouvais Paul Morand de l'autre après guerre, dans le genre, d' « Ouvert la nuit » plus savoureux, plus costaud, bien mieux armé — Toute la différence du mousseux au champagne — de la masturbation laborieuse à la giclée franche — II ne faut oublier que Paul Morand est le premier de nos écrivains qui ait jazzé la langue française — Ce n'est pas un émotif comme moi mais c'est un satané authentique orfèvre de langue — Je le reconnais pour mon maître — comme Barbusse du Feu — Proust il m'agace par son pic poul — cette façon tarabiscotée — latine, allemande, judaïque — (celle de Claudel aussi) — ces phrases qui se mordent la queue après d'infinis tortillages — Tout cela pue l'impuissance — Il faut éduquer le public c'est sûr — à cela Sartre sert admirablement — mais que tout son théâtre est gratuit ! si peu payé ! et sa philosophie ! Il lui faudrait 2 ans de prison — 3 ans de tranchées pour lui apprendre le véritable existentialisme et une condamnation à mort au cul pendant 10 années au moins — et une bonne invalidité — 75 p. 100 — alors il ne divaguera plus — il ne fabriquera plus des monstres gratuits — vice aussi des Américains — Passos, Steinbeck etc... Ils se font peur à eux-mêmes — ils trichent — Ils puent tous la tricherie comme Baudelaire qui se ruait sur les poisons opium etc... pour être sûr d'être damné — On cherche toujours pourquoi Rimbaud est parti si tôt en Afrique — je le sais moi — il en avait assez de tricher — Cervantès n'a pas triché — Il a vraiment été aux galères — Barbusse est vraiment crevé de la guerre — cela ne suffit pas bien sûr mais il y a une hantise chez le poète de ne plus tricher d'où cette maladie chez eux de la Politique — Lamartine, Byron, Zola etc... Proust périssait de ses poumons — II en finit par parler joliment de sa grand-mère. Ce coin est réussi, c'est le meilleur de son œuvre — Gide a toujours joué de tout, esquivé tout, que nous raconterait-il ? — Savez-vous que le meilleur roman maritime français a été écrit par un juif allemand résidant à Ouessant (Bretagne) Kellermann vers 1890 ? Il s'appelle la Mer on ne le cite plus guère —

Le scénario de de « 10 et une » de moi dont je vous parlais l'autre lettre s'appelle Secret dans l'Ile — Oh cela ne vaut pas du Kellermann ! Il s'en faut ! « La mer » est admirable —

Je suis ici toujours à l'hôpital et dans le cauchemar des menaces de tous les côtés, d'on ne sait quoi —... Vos lettres nous semblent venir d'un monde des vivants... Ici tout est agonique — on existe tout de même — mais il faut fréquemment remonter sa musique — Les nuits surtout sont atroces — Et ce ne sont pas des monstres pour rire... L'assassinat, la prison, la faim ne quittent jamais notre horizon — Je suis après le premier chapitre d'un livre « Féerie pour une autre fois » je crois ce chapitre assez réussi et curieux même pour les Amériques — Il s'agit du bombardement de Montmartre en 1945 par la R.A.F. avec incidents divers — le tout dans le fantastique — je vous l'enverrai sitôt prêt — mais il faudrait le faire traduire — passer là-bas dans une revue — ce serait drôle...

Votre bien affectionné,
L.F. Céline »***

______________________________

* Dans un genre plus élaboré et qui rappelle un peu le très bon Dictionnaire des injures, précédé d'un petit traité d'injurologie de Robert Édouard, paru chez Tchou en 1967, citons aussi Une histoire des haines d'écrivains, de Chateaubriand à Proust, de Anne Boquel et Etienne Kern qui vient de paraître en poche aux éditions Champs-Flammarion.
** Dictionnaire des injures littéraires, Pierre Chalmin, L'Editeur, 2010, Paris
*** L.-F. Céline tel que je l'ai vu, Milton Hindus, L'Harmattan, 1999, Paris

vendredi 14 janvier 2011

1,93 million

... c'est le nombre de téléspectateurs qui ont regardé Les Faux-monnayeurs le 5 janvier sur France 2, soit 7,7% de part d'audience. Un mauvais résultat attendu pour la chaîne qui avait choisi de ne pas faire de promotion pour l'adaptation de Benoît Jacquot dans ses autres émissions comme c'était habituellement le cas avec les fictions tirées de Maupassant, Leblanc ou Renard. Mais un excellent résultat pour Gide !

La presse écrite a elle bien annoncé la diffusion et a été plutôt clémente avec les libertés du réalisateur. Les ventes du livre ont elles aussi bénéficié de cette publicité : le 6 janvier, Les Faux-monnayeurs étaient classés à la 385e place des ventes de livres du site Amazon (et à la 56e place en littérature française) puis autour de la 3000e place les jours suivants pour retrouver leur classement habituel autour de la 8000e place (7627 au moment où j'écris ces lignes).

185

... c'est le nombre de liens désormais disponibles dans la rubrique « ressources en ligne » avec l'ajout récent de 11 documents en français et 5 en anglais. La prochaine mise à jour sera constituée d'une majorité de liens vers des articles en anglais. Une liste pour des documents en espagnol est également à l'étude.

Parmi ces ajouts citons la Conversation avec un Allemand de 1904, une étude de la néologie gidienne par Christian Angelet, une étude David Walker sur les rapports entre Gide et Rouart ou encore A private reading of Andre Gide's public Journal de Orhan Pamuk.

vendredi 7 janvier 2011

AG à la Villa Montmorency

En novembre dernier l'assemblée générale des Amis d'André Gide se tenait à l'Ecole Alsacienne. Henri Heinemann y faisait une apparition chaleureuse. Dans son très beau journal intitulé L'éternité pliée, je découvre que l'association ne s'est pas toujours réunie à l'Ecole Alsacienne mais aussi, comme en 1976 et 1977, à la Villa Montmorency : 


« 8 novembre 1976

Participation, samedi, à l'Assemblée générale des Amis d'André Gide, Cela se tenait dans une avenue « privée » du XVIe arrondissement. Eh oui ! Cela existe encore, et préserve, en cette avenue des Sycomores, un cadre provincial, comme il me revient d'en avoir visité dans l'île qui touche au port d'Oslo. Ce quartier est bien un îlot, aux villas tarabiscotées, aux jardinets enflammés et dorés d'automnee, aux arbres en fête. Devant le 38, des gens font le pied-de-grue, des fidèles assurément : un écriteau demande de ne point sonner avant quinze heures. La demeure est hybride : sur une bâtisse lourde, en pierre, dont la façade est trouée de deux rangées obliques de fenêtres romanes, on a plaqué un dernier étage de chalet aux colombages vert amande, et, en réplique sur le côté, une entrée similaire. J'ai vu de telles horreurs au bord du lac Léman ! Ai-je la berlue: j'aperçois quelques André Gide. Ce beau blond à col blanc porteur de cape, ce maigre jeune homme aux yeux de chinois, cet autre à barbe noire et moustache itou, très Nourritures terrestres. Public varié où les dames ne manquent pas, telles Mmes Jules Romains ou Anne Heurgon.

C'est donc là qu'il a vécu vingt ans, avant de hanter le Vaneau, où loge présentement Jean-Pierre Faye. Après l'entrée, le hall s'offre comme une vaste tour, que des boiseries habillent, et où monte alentour, sur trois étages, un escalier apparent qui explique les fenêtres romanes à vitraux qui percent en oblique la façade. Par quelques marches de pierre on accède à une autre espèce d'entrée donnant sur deux salons, et d'où part encore un escalier. C'est ici, face à un bureau jouxtant l'escalier, que se tiendra la réunion. Une lampe, sur le coin du bureau, dispense une lumière parcimonieuse. L'un des salons, au fond, comporte un piano à queue, ce qui n'a rien d'étonnant. Partout, aux murs, une foule de portraits, de peintures, de consoles supportant des bibelots curieux, des chinoiseries. Au-dessus du bureau court une galerie à laquelle mène l'escalier, et qui rappelle certains décors de théâtre. Les chaises, les fauteuils, les tabourets forment la collection la plus hétéroclite qui soit ; on a dû effectuer une razzia dans toute la maison. Cela sent le vieux, le précieux, mais également la gentille et [douillette chaleur des logis cossus d'antan. Leur visite valait l'après-midi au musée. Au risque de choquer, je reconnais que j'aime !
Cette maison est habitée. J'aperçois une délicieuse jeune fille, à la tunique de boyard, qui tâche de caser son monde.
La réunion paraît traduire la vitalité des Amis d'André Gide, quoique meurent les derniers témoins. Près de mille correspondants.
Je note un détail inattendu: une édition de La Maturité d'André Gide retardée de quatre mois par un obstacle imprévu, l'inexistence dans notre langue du ÿ, indispensable à la graphie deux cents fois rencontrée du mot Louÿs. »

Henri Heinemann, L'éternité pliée: La rivière entre les doigts, 
1976-1977, volume 2, 
L'Harmattan, 2008, pp.109-110



« 7 novembre 1977

Assemblée générale, dans cette maison de la villa Montmorency où j'étais déjà venu l'an passé, et qui, vue depuis le jardin derrière, paraît plus vaste. Jacques Drouin, neveu de Madeleine Rondeaux qui devint Madeleine Gide - il l'appelle Tante Madeleine - parle de ces jours d'enfance où il courait dans les escaliers, les couloirs, les recoins... Gide les adorait aussi. Combien il regrette certains «estropiages » de la bâtisse ! Il cultive comme une religion le souvenir de sa tante Madeleine, et croit encore humer son parfum de savon à la violette. Sa mère à lui, c'était Jeanne Rondeaux.
La fin d'après-midi se placera sous le signe de la musique. Drouin, par anticipation, et de manière un peu agaçante, impose ses souvenirs, lesquels, eux, sont plus plaisants que lui. Il était un des seuls que Gide admît en sa présence lorsqu'il se mettait au piano à Cuverville, et voue une admiration sans borne au Gide pianiste.
Toujours émouvant, ce « je me souviens que... », d'autant qu'il est dit, entre autres, devant le fils de Paul Valéry et l'épouse de Jules Romain. Une autre époque ! »

Henri Heinemann, L'éternité pliée: La rivière entre les doigts, 
1976-1977, volume 2, 
L'Harmattan, 2008, p.189

lundi 3 janvier 2011

Ce qui nous attend en 2011

La diffusion le 5 janvier prochain du téléfilm tiré par Benoît Jacquot des Faux-Monnayeurs, malgré ses grossières erreurs de casting, annonce une année encore particulièrement gidifère. Nous célèbrerons les 60 ans de la mort de Gide, prétexte à s'interroger sur l'actualité d'André Gide lors d'un colloque international les 10 et 11 mars prochains à l'Université du Sud de Toulon.

Côté anniversaires encore, après celui de la NRF il faudra compter avec le centenaire de Gallimard qui donnera lieu à une exposition à la BnF du 22 mars au 3 juillet et à la diffusion de plusieurs documentaires sur la maison d'édition et la famille Gallimard. On fête aussi cette année les 80 ans de la Bibliothèque de la Pléiade créée par Schiffrin et ardemment soutenue par Gide.

De nombreuses publications sont surtout attendues :

- Gide et la tentation du voyage, de Jean-Claude Perrier, en février chez Flammarion. Présentation de l'éditeur : « Illustré d'images d'archives, cet album revisite la vie et l'œuvre de l'écrivain autour du thème du voyage. De 1888 où il entreprend son premier voyage en Angleterre à 1950 marqué par son voyage d'adieu à l'Italie, il suit l'ensemble de ses périples en Suisse, en Allemagne, en Afrique du Nord, etc. Présentation par ordre chronologique et géographique avec des thèmes particuliers traités. »

- Une biographie de Gide en deux volumes par Frank Lestringant, le premier intitulé L'inquiéteur est à paraître fin février chez Flammarion.

- Dictionnaire Gide, de Pierre Masson et Jean-Michel Wittmann, second trimestre 2011 chez Garnier. Un « gros livre » de 580 notices !

- De Jean-Michel Wittmann toujours, un Gide politique, à partir des Faux-monnayeurs, est attendu chez Garnier.

- Alain Goulet prépare un livre sur Corydon.

- Une nouvelle édition de la Correspondance Gide-Blum présentée et annotée par Pierre Lachasse avec 29 nouvelles lettres de Gide rendues récemment par les autorités russes.

- Le cahier 2011 des Amis d'André Gide sera quant à lui consacré aux relations entre Gide et Paul Desjardins au travers de leur correspondance présentée et annotée par Pierre Masson.

Deux films sont enfin en préparation. Jean-Pierre Prévost vient d'achever le montage d'un documentaire intitulé Gide chez Mauriac qui prolonge les dernières rencontres de Malagar. Et un un documentaire autour du Voyage au Congo est également annoncé. Bref à n'en pas douter, 2011 sera une 

bonne année !