lundi 5 juillet 2010

"Une vie de mécènes" à la Villa Noailles

Après sa présentation en avant-première en mars au Palais Royal, l'exposition « Charles et Marie-Laure de Noailles : une vie de mécènes » s'est installée depuis le 2 juillet à Hyères à la Villa Noailles où elle devient exposition permanente. Plus de deux-cents œuvres et documents inédits sont présentés dans la partie initiale de la villa, les salons, salles à manger, chambres d'ami du rez-de-jardin, chambres des Noailles, chambre d'ami du dernier étage.

Le Clos Saint-Bernard, Villa Noailles, à Hyères

C'est au cours de l'hiver 1924-1925 que la villa est construite selon les plans de Robert Mallet-Stevens sur l'ancien couvent du Clos Saint-Bernard. Fonctionnalisme (toits-terrasses), hygiénisme (salle de bains-sports) et équipement (horloges intégrées, placards) sont les mots d'ordre de cette avant-garde architecturale qui se poursuit, chose encore rare, par des aménagements intérieurs et ameublements en accord avec cette structure moderne.
De 1925 à 1932, la maison évolue - seconde salle à manger (1926), chambres supplémentaires dans une petite villa attenante (1926), nouveau salon (1927), piscine (1927), gymnase (1928), terrain de squash (1932-1933) - pour s'étendre au final sur 2400 m2 étagés sur la colline que prolongent le jardin cubiste de Gabriel Guévrékian (1926) et l’installation de sculptures d’Henri Laurens et Jacques Lipchitz (1927).

La salle de gymnastique de la Villa Noailles

Un confort et des installations sportives qui plaisent à Gide ainsi qu'il le note le 3 janvier 1930 dans son Journal :

« A Hyères, chez les Noailles, où je retrouve Marc, en compagnie de Cocteau et d'Auric. J'arrivais pour déjeuner, seulement; je me laisse volontiers retenir à dîner, puis à coucher. Extrême et charmante amabilité de nos hôtes; prodigieuse ingéniosité du confort; fonctionnement si parfait de tout l'outillage des aises que, ce matin, lorsqu'après mon bain le valet de chambre anglais m'apporte mon breakfast, je beurre mes toasts avec cuillère, dans la crainte que l'oubli d'un couteau, sur le plateau chargé de délicatesses et de fruits, ne prenne l'aspect d'une catastrophe.
Gymnastique, natation dans une assez vaste piscine, jeux nouveaux, dont je ne sais les noms, avec volants, balles, ballons de toutes tailles — un surtout, que nous jouons à quatre (le très agréable professeur de gymnastique, Noailles, Marc et moi) avec un ballon de médiocre grosseur qu'il s'agit de ne point laisser retomber en deçà d'un filet haut tendu qui départage les deux camps. On joue à peu près nu, puis, en moiteur, on court se plonger dans l'eau tiède de la piscine. Ce jeu de ballon m'a plus amusé que je n'eusse cru qu'il était encore possible, amusé comme un enfant et comme un dieu, et d'autant plus que je ne m'y sentais pas malhabile. Que Pascal a donc dit sur le jeu des choses absurdes ! et que la gratuité précisément de cette lutte, de cet effort, me paraît belle ! Oui vraiment, je ne me souviens pas avoir pris, même dans ma jeunesse ou mon enfance, plaisir plus ardent, plus pur et plus complet. »
Marc Allégret prend de nombreuses photographies lors de ce séjour à la Villa Noailles dont certaines ont servi récemment à l'illustration du DVD-ROM André Gide : l'écriture vive, de Martine Sagaert. Quelques-unes sont à voir sur imaGide...

La Villa Noailles à Hyères rouvre du 7 juillet jusqu'au 26 septembre tous les jours sauf mardi et jours fériés de 14h à 19h. Le vendredi, ouvert uniquement en nocturne de 16h à 22h. Du 7 au 31 juillet, visites commentées gratuites le lundi, mercredi, jeudi, samedi et dimanche à 14h30, 15h45 et 17h. Plus d'informations sur le site de la Villa Noailles.
Une présentation très documentée de l'exposition est disponible en ligne sur le site du ministère de la culture.
A noter : jeudi 8 juillet à 15h, France Culture consacre son émission Les jeudis de l'expo à cette exposition.
Une monographie sur l'architecture et les évolutions du Clos Saint-Bernard : Mallet-Stevens, La Villa Noailles, de Cécile Briolle,Agnès Fuzibet et Gérard Monnier, Editions Parenthèses, 1990.

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