dimanche 1 avril 2018

Quand Gide portait moustaches

Le club des longues Moustaches, Michel Bulteau
La petite vermillon, La Table Ronde, 208p., mars 2018
ISBN : 9782710387169


Re-voici le livre érudit, décalé et rare d'un auteur qui ne l'est pas moins... Le club des longues Moustaches, de Michel Bulteau, reparaît en poche dans la collection "La petite vermillon" à La Table Ronde.

Michel Bulteau est l'un des derniers poètes-personnages des grands mouvements littéraires, l'un des seize co-auteurs du Manifeste électrique aux paupières de jupes paru en 1971 aux éditions du Soleil Noir, témoignage d'une époque désarticulée dans lequel la "génération noire" jette un pont entre le surréalisme et la beat generation.

En 1988, entre un volume de poèmes, un essai sur Toulet et une biographie de James Dean, Michel Bulteau publie Le club des longues Moustaches, empruntant son titre à une expression forgée par Paul Morand dans un article sur Venise. Ce club rassemble les écrivains qui avaient pour point commun l'amour de la Sérénissime et le port des bacchantes.

Henri de Régnier, Jean-Louis Vaudoyer, Edmond Jaloux, Émile Henriot, Charles du Bos, Francis de Miomandre mais aussi André Gide et de nombreux autres promènent leurs moustaches et leurs airs dandies dans ce petit essai en forme de bijou, vivant camée d'une époque, de lieux et d'une idée de la littérature à jamais enfouis.

Lire les premières pages.


Gide laisse pousser sa moustache autour de 1890 
pour mieux infiltrer les milieux littéraires, 
mais, précurseur d'une nouvelle littérature, 
se fera glabre vers1907.

vendredi 1 décembre 2017

Du côté des ventes aux enchères


Plusieurs belles ventes en cette fin d'année :

Livres, Manuscrits et Autographes chez Tajan le 5 décembre à 14h30

Lot 30
Léon BLUM. 1872-1950. Homme politique. L.A.S. à Pierre Louis. Paris, 25 mars 1890. 2 pp. bi-feuillet in-8, joint son enveloppe.

Lettre de jeunesse, pendant sa période littéraire, évoquant son amitié avec Gide. Ayant annoncé sa visite comme possible, il a attendu Pierre Louÿs samedi et lundi ; il s’excuse de ne l’avoir pas vu jeudi dernier, tant occupé à tenir compagnie à un de ses amis malades ; Cela me prend un temps infini et ne me laisse guère le temps de penser à mes amis bien pensant (…). Il compte aller demain mercredi chez Gide et jeudi chez lui ; A moins que je ne te vois chez Gide demain (…). Il s’excuse de son « griffonnage » étant sur une explication de Tacite.
Estimation : 150 € / 200 €

Lot 101
André GIDE. 1969-1951. Écrivain. C.A.S. et L.A.S. Paris, 19 novembre 1899 et Château de Cuverville, 30 octobre (1917).1 pp. petit in-12 oblong sur carte poste et 1 pp. ½ in-12, avec son enveloppe. Joint un fac-similé d’un manuscrit de Gide.

A Jacques des Gaschons : il a reçu les épreuves de Candaule et les lui retournera demain, et ajoute ; Ce mot pour vous avertir que Bataille vous a envoyé hier une pièce de vers pour notre supplément poétique (…). Il s’inquiète de savoir s’il a bien reçu le manuscrit rue du Sommerard. A Emile Paul : Il s’inquiète de n’avoir pas reçu les 3 exemplaire des Ecrits nouveaux que M. Budry annonçait.
Estimation : 150 € / 200 €

Lot 328
 GIDE (André), DENIS (Maurice). Le Voyage d’Urien. Paris, Librairie de l’art indépendant, 1893 ; in-8 carré, maroquin olive orné aux plats d’une bande de peau de serpent, dos plat, initiales de la dédicataire en queue, tête dorée, couvertures illustrées d’origine conservées, [Germaine Schroeder], mors légèrement frottés, quelques taches.

Édition originale tirée à 300 exemplaires numérotés sur Hollande (n° 59).
Ornée sur la couverture d’un bois gravé et dans le texte de 30 lithographies en deux tons par maurice denis, les seules qu’il ait jamais réalisées pour un livre.
Enrichi d’un envoi autographe signé et daté de mars 1928 d’André Gide à Mercedes Doze.
« Résultat d’une véritable collaboration », selon les mots d’André Gide, cet ouvrage, superbement illustré par le jeune et inventif Nabi qu’est alors Maurice Denis, constitue l’un des chefs-d’œuvre du livre symboliste.
Rares rousseurs.
Estimation : 2 000 € / 3 000 €

Livres et Manuscrits chez Rossini le 7 décembre à 14h

Lot 70 
GIDE Le Prométhée mal enchaîné
Paris, Editions de la nouvelle Revue française, 1920. In-4, veau façon serpent, plaque dorée sur les plats, couverture et dos (René Kieffer).
30 dessins de Pierre Bonnard.
Plaisante reliure.
Estimation : 200 € / 300 €

Lot 71
GIDE André et DENIS Maurice Le voyage d'UrienParis, Librairie de l'Art indépendant, 1893. In-8 carré, bradel demi-maroquin vert bronze, tête dorée, couverture (Dupré).
Edition originale, ornée de 30 lithographies de Maurice Denis, tirées sur fonds teintés.
Tirage à 300 exemplaires.
Le seul livre illustré de lithographies originales de Maurice Denis.
Une page de journal placée entre les pages 46-47 a laissé des traces brunes.
Estimation : 2 000 € / 3 000 €

Lettres et Manuscrits Autographes chez Ader le 7 décembre à 14h15 (lots 1 à 353)


Lot 124
André GIDE (1869-1951). L.A.S., [vers 1900 ?], à André Ruyters, à Milan ; 4 pages in-8 (petites fentes aux plis).
Belle lettre sur Florence : « Je dis : Florence… et ma pensée aussitôt fuit avec vous vers une joie chaude et blonde, s’assied sur le seuil de palais graves et splendides, s’accroupit dans le sable aux berges de l’Arno. Je vous vois cherchant une maigre ombre entre les cyprès de Fiesole, puis accablés le soir de soif et de chaleur, suçant une glace au citron, une glace presque solide, sur la place de Santa Maria Novella – en face du portique modeste et du cloître sans grande beauté »… Il renseigne son correspondant sur la pension florentine dans laquelle il a ses habitudes… « Des chambres meublées très agréables se louent sur le long Arno […] mais peut-être y fait-il trop chaud en été. Que ne descendez-vous à Fiesole où doit être un hôtel délicieux »… Il donne l’adresse de Roberto Pio Fatteschi, « très gentil, obligeant, etc, de notre âge – ne demande qu’à être au courant »…
Estimation : 300 € / 350 €

Lot 125
André GIDE. L.A.S., Cuverville 1er janvier 1925, à Charles Du Bos ; 1 page et demie in-4 sur papier bleu, enveloppe.
« Je viens d’enterrer, avec Bossuet, la Princesse Palatine, et avant de retrouver mes Monnayeurs, j’attarde un instant ma pensée près de la vôtre ». Jacques Rivière a passé trois jours à Cuverville : « J’ai eu la joie de le sentir moins différent, que je ne le craignais, de lui-même, de ce premier Rivière dont les qualités exquises nous avaient à ce point séduits. […] le contact, avec vous, est si facile, si irrésistible […] Et où la causerie trouverait-elle enveloppement plus douillet qu’au Budé ? Il me tarde de vous y revoir »… Il le remercie pour le livre de Tchekhov, reçu hier et termine sa lettre en recopiant quelques vers de Sordello de Robert Browning…
Estimation : 200 € / 300 €

Lot 126
André GIDE
3 manuscrits autographes ; 6 pages la plupart in-4.
Fragment pour Retouches à mon Retour de l’U.R.S.S. (1937, 1 p. oblong in-8) : « Je tiens pour un grand maître d’art Montesquieu lorsqu’il dit : On n’écrit pas bien, sans sauter les idées intermédiaires. C’est une habitude que j’ai prise et qui, dans mon Retour de l’U.R.S.S., pût laisser croire que tout ce que j’omettais de dire manquait, non seulement dans le livre, mais dans mon cerveau ; croire aussi que j’écoutais beaucoup moins la dictée de mon cerveau que de mon cœur »… – Deux fragments de notes pour une conférence donnée à Oxford en 1947, intitulée Lendemain de guerre, sur la mission de la France et de l’Angleterre (4 p. chiffrées 4-6 et d) : il craint que le titre de son intervention n’ait fait espérer « des considérations politiques et sociales ; l’examen de ces graves problèmes qui nous tourmentent ; qui m’intéressent, il est vrai, comme ils intéressent chacun de vous, car de leur solution dépend notre avenir ; où je me sens d’une totale incompétence. Les seules questions où je me sente autorisé à parler sont celles qui concernent la culture, parce que de tous temps elles m’ont presque exclusivement occupé. Que cette culture soit en péril de toutes parts, c’est ce que vous sentez comme moi. C’est pour la défendre que vous m’avez convié. […] Je garde cette confiance : que l’Angleterre et la France ne se laisseront pas dessaisir de certaines vertus libérales, de certains aspects de la personne humaine ; que ces vertus ne cesseront pas de leur apparaître aussi essentielles »… – Préambule de l’audition radiophonique de Philoctète en 1948 (1 p. en partie biffée, avec tapuscrit).

On joint 2 L.A. (minutes) : demande de renseignements sur l’Hôtel Métropole de Bruxelles, ayant « grand désir de fuir Paris et les importuns, durant une semaine » et de dépenser à Bruxelles les royalties de ma conférence ; refus de laisser jouer sa pièce Robert ou l’Intérêt général, doutant de sa valeur « au point de craindre de la voir représentée : songez un peu ! Si l’on allait se mettre à l’applaudir ! »… Plus une L.S. (11 oct. 1936), ne pouvant se rendre à Monaco pour une matinée poétique.
Estimation : 300 € / 400 €

Lot 186
Paul LÉAUTAUD (1872-1956)
L.A.S., 23 avril 1951, à Jean Denoël ; 1 page in-8.
Sur la mort d’André Gide. « Je suis toujours le même et de même. Le nouveau est peu piquant dans ma vie et je n’y tiens pas. […] La mort de Gide et les affaires de sa succession de tous ses papiers ont amené bien des allées et venues pour les papiers déposés par lui à la Bibliothèque Doucet. Il paraît bien y avoir quelque désordre pour trier l’inédit et le déjà publié. Question de temps ». Mme Burus va rentrer à Paris : « Elle se réjouit d’aller revoir la Place du Tertre »…
Estimation : 200 € / 250 €

Editions Originales des XIXe et XXe siècles chez Alde le 11 décembre à 14h

Lot 144
GIDE (André)
L'Immoraliste. Paris, Société du Mercure de France, 1902. In-16, broché, couverture bleue.
Édition originale de l’une des œuvres les plus significatives de Gide, qui « consacra son originalité et sa maîtrise aux yeux du public lettré » (En français dans le texte, n°330).
Tirage unique à 300 exemplaires sur vergé d’Arches. Édition typographiquement imitée de la deuxième édition du Faust de Goethe traduit par Nerval, dite « édition bleue », parue en 1835.
Envoi autographe signé, dont le nom du destinataire a été découpé.
Couverture insolée avec petites déchirures sans manque.
Talvart & Place, VII, 42, n°16-A.
Estimation : 300 € / 400 €

Lot 145
GIDE (André)
La Symphonie pastorale. Paris, Nouvelle Revue Française, 1919. In-16, broché, couverture bleue.
Édition originale de second tirage, avec l'achevé d'imprimer du 15 décembre 1919 et le titre et la couverture millésimés 1920.
Un des 143 exemplaires in-8 tellière sur vergé d'Arches, celui-ci un des 100 nominatifs, imprimé pour M. Ch. Chatelin.
Estimation : 500 € / 600 €

Lot 210
[BETTENCOURT (Pierre)].
Abatages clandestins. Plutarque, André Gide, H. Michaux, G. Ohnet, P. Valéry, J. Cocteau. Pierre Bettencourt, 1943. Petit in-8, reliure à plats rapportés, plats de plexiglas peint, décor sur le premier plat formant le prénom de Bettencourt, dos de box bleu canard, dos titré au paladium, couverture et dos conservés, doublures et gardes de papier imprimé, étui (Daniel Mercher).
Édition originale limitée à 300 exemplaires sur Arches.
Estimation : 800 € / 1 000 €

Estampes Anciennes et Modernes chez Ader le 13 décembre à 14h (lots 1 à 369)

Lot 250
André Dunoyer de Segonzac (1884-1974)
Portraits d’écrivains et d’hommes illustres (Paul Léautaud, L.-P. Fargue, André Gide lisant, A. Gide de profil à gauche, A. Gide de face, M. Brianchon, H. Mondor, L. Süe) ; Colette écrivant, Saint-Tropez (été 1929) ; Étal de boucherie ; Rives de l’Argens ; Les Châtaigniers ; Les Étangs de Ville d’Avray ; Rivière en Provence ; Les Gerbes de blé. Eau-forte. Formats divers.
Très belles épreuves sur différents papiers, justifiées ou annotées et signées à la plume ou au crayon (sauf une), la plupart épreuves d’essai ou d’artiste. Toutes marges.
Ens. 17 p.
Estimation : 1 200 € / 1 500 €

Lettres et Manuscrits Autographes chez Alde le 13 décembre à 14h

Lot 98
André GIDE
(1869-1951).
4 L.A.S., 1949-1950, à C. Dupont (comptable chez Gallimard) ; 5 pages et demie in-4 ou in-8. 21 septembre 1949. Il a demandé à la Banque Vernes le double du relevé de sa situation « aux deux dates désignées : 1er janv. 1940 – 4 juin 45. […] Puisse ma négligence ne pas me valoir trop d’ennuis »...
21 septembre. Il est gêné de devoir demander si ses disponibilités de droits d’auteur permettent à la N.R.F. de couvrir des chèques importants qu’il doit tirer.
« Pour éviter d’avoir à lui demander une avance, je m’étais décidé à passer les protestations de Gaston G. Une lettre de Claude G. m’a fait comprendre mon imprudence en m’adressant directement à Mme Bradley, etc. Il a dû (car j’ai compris Claude à demi-mot) rembourser aussitôt le prélèvement intempestif, d’après une lettre de moi qui l’approuvais […] mais, en plus de la couverture de ces chèques, je vais avoir grand besoin d’argent, de fortes sommes, très prochainement. Je suivrai vos conseils »...
Au dos, il a noté les coordonnées d’artisans et les sommes qu’il leur doit… Taormina 3 mai 1950. Pourvu qu’on le laisse absolument tranquille, « je fais encore figure de vivant ; mais incapable d’effort et perdant souffle presque aussitôt. Alors je songe à vous avec reconnaissance, si vous voulez bien faire le nécessaire pour répondre à l’exigence du fisc »...
Sorrento 17 juin 1950. Il répond à ses questions : « 1° Le long temps que j’ai passé à Alger, en 1944 et 45, j’étais l’hôte du gendre de Paul Desjardins […].
2° Non : aucun courtier ne s’occupait en ce temps de mes assurances »...
On joint la copie carbone de 2 lettres de Dupont à Gide, 1949-1950.

Estimation : 200 € / 250 €

vendredi 17 novembre 2017

Colloque André Gide et le théâtre






dimanche 29 octobre 2017

Gide vu par Klaus Mann


C'est Jean Cocteau qui a dit : « Le mystère ne commence qu'après tous les aveux », sentence qui contient autant de vérité que tous ses mensonges. Si c'était André Gide qui avait gravé cette même phrase, elle serait vraiment vraie.

Cocteau, en dépit de toute vanité, est un bon camarade. Plein d'intérêt pour les autres, prêt à rendre service, capable de sympathie et de chaleur véritables : qualités qui, justement chez un être aux allures de kobold, apparemment si détaché, semblent particulièrement émouvantes et séduisantes. Cet homme avide de plaire n'est pas susceptible ; le désir de vengeance, la rancune mesquine lui sont étrangères. Un jour, dans une affaire sérieuse, j'ai été injuste envers lui, je l'ai accusé et condamné à tort ou du moins avec une sévérité excessive. Tout autre m'en eût voulu amèrement ; pas Cocteau. Lui, il pardonne, que ce soit par grandeur d'âme ou par distraction (celle-ci n'étant peut-être elle-même, d'ailleurs, qu'une forme particulièrement élégante de grandeur d'âme). Je lui suis reconnaissant de cela. Je lui suis reconnaissant de beaucoup de choses ; avoir été en contact avec lui a été, pour ma jeunesse, d'une grande importance. Sa souple silhouette de chat, bizarre et gracieuse, est devenue pour moi un symbole, l'incarnation de l'obsession artistique, moitié mise en garde moitié modèle, pour des adolescents appliqués à leur art, en proie à l'art, voués à l'art, en quête du vrai chemin.

Mais quelle que soit la somme d'enseignements et d'amusements que je doive à ce jongleur inspiré — c'est envers un autre contemporain, un autre français, que je me sens le plus d'obligations profondes : André Gide.
J'ai essayé ailleurs, dans le cadre d'une monographie sur Gide*, de témoigner de l'importance de cet esprit, de montrer et d'analyser le charme de cette personnalité. Ce n'est pas le lieu, ici, de développer encore une fois les aspects et les implications multiples de l'œuvre de Gide, les traits et les perspectives qui se mêlent et se contredisent dans son caractère. Mais je fausserais l'histoire de ma propre évolution, ou elle resterait vraiment par trop fragmentaire, si je n'évoquais pas aussi, aujourd'hui, le grand écrivain dont la figure et le message ont agi sur moi de façon si décisive.
Dans un des premiers chapitres de ce livre, il a été question des voix dont l'appel a éveillé, formé et forgé tout d'abord, au temps de l'adolescence, mon sentiment de l'existence : Socrate, Nietzsche, Whitman et Novalis, Rimbaud et Stefan George, Rilke, Herman Bang, Wedekind, mon père et Heinrich Mann (pour n'énumérer une fois de plus que ceux qui sont pour moi les plus proches, les plus essentiels). D'autres influences, au cours des ans, vinrent s'ajouter à celles-ci ; celle d'André Gide fut la plus forte. Ma rencontre avec lui — non pas avec l'homme, mais avec l'œuvre dans laquelle se révèle cette nature riche et complexe — m'a, plus que toute autre, aidé à trouver mon chemin, le chemin qui me conduisait à moi-même.
Si j'insiste sur le fait que la rencontre avec les écrits de Gide a eu pour moi une plus grande portée que ma rencontre avec l'homme lui-même, cela ne veut pas dire ni même laisser entendre que sa personnalité m'ait déçu : au contraire, je compte mes relations avec lui au nombre des plus précieuses et des plus satisfaisantes de ma vie. Mais je ne cherche pas à donner l'impression d'avoir été un ami intime du grand homme ni même l'objet, de sa part, d'un intérêt de maître à disciple. L'intérêt était à sens unique. Je l'admirais. Il y consentait.
Notre relation remonte loin : c'est au printemps 1925 que je me présentai chez lui pour la première fois, muni d'une lettre de recommandation d'Ernst Robert Curtius. À cette époque, je n'avais pas encore lu grand-chose de Gide, et pourtant il me fascinait déjà : une mince pièce de poésie en prose — Le Retour de l'Enfant Prodigue dans la traduction magistrale de Rainer Maria Rilke — avait suffi à me donner une idée excitante de la plénitude de cet esprit au rayonnement multiple et de la discrétion sublime de cet art.
Gide fut charmant avec moi. Il m'invita à partager son petit déjeuner, dans une petite brasserie près du Jardin du Luxembourg : ce fut un tête à tête plein de gaieté et de bavardages, et j'en profitai d'un cœur joyeux et reconnaissant. Gide était alors sur le point d'entreprendre avec son ami Marc Allégret une expédition au cœur de l'Afrique ; peu après son retour, je le revis ; son numéro de téléphone était en général le premier que je demandais dès mon arrivée à Paris ; parfois, il était en voyage, mais quand je le trouvais chez lui, il me réservait toujours un accueil amical ; nous nous rencontrions dans un café du boulevard Saint-Germain, ou dans le petit appartement de Gide, rue Vaneau. Une fois aussi, nous mangeâmes ensemble à la table de mes parents, à Munich ; Gide y demeura quelques jours, nous fîmes avec lui une excursion en auto jusqu'au lac de Starnberg, et le soir de ce même jour, il assista à une conférence de mon père à l'Université. Il me laissa aussi lui montrer quelques curiosités de la vie nocturne munichoise, ce dont, bien sûr, rien n'apparaît dans son Journal. Par contre, y sont évoquées, de manière assez détaillée, sa visite sous notre toit, la conférence à l'Université et la promenade en voiture. Et il n'y est pas seulement question de mon père (pour l'œuvre duquel, à peu près depuis La Montagne magique, Gide montra un intérêt toujours croissant), mais aussi — et en des termes fort aimables — de ma mère, d'amis dont nous lui avions fait faire la connaissance (Bruno Frank par exemple), et de mes frère et sœur les plus jeunes, Michael et Elisabeth, qui lui avaient plu tout particulièrement. À moi aussi, il est fait allusion, mais d'une façon qui me peina alors et me surprit aussi quelque peu. Mon nom est suivi de ces mots : « ...que je ne connais encore qu'à peine ». Cette note est datée du 1er juillet 1931. Il y avait alors sept ans que j'avais des contacts personnels avec Gide. Avec naïveté, avec une sotte vanité, j'avais cru que des rapports qui signifiaient tant pour moi devaient être, pour mon interlocuteur aussi, autre chose qu'une relation superficielle, peut-être même ennuyeuse.
Il se peut que son attitude envers moi se soit un peu modifiée au cours des années : des lettres de lui que je possède semblent bien en témoigner. Lorsque je lui envoyai, peu après le début de la Seconde Guerre mondiale, un article à propos de son Journal, 1889-1939, que j'avais fait paraître dans une revue suisse, il trouva, pour me répondre, des paroles de gratitude et d'éloge dont la générosité me toucha et me rendit confus. Dans la même lettre, il disait son intention de me dédier un de ses livres. (« Vous me donnez désir d'écrire des Retouches à mon Journal, comme j'ai fait pour mon Retour d'URSS, et si je mène à bien ce projet, j'aurai plaisir à vous le dédier, car c'est vous qui m'en avez donné l'idée. »)
Mais qu'il m'ignorât ou qu'il considérât les hommages que je lui rendais dans mes critiques avec bienveillance ou même peut-être avec quelque plaisir, ou encore qu'il en tirât quelque profit — mon ambition n'était pas qu'il me connût ou m'estimât, mais bien d'apprendre quelque chose de lui ; c'est- à-dire de me laisser conduire par lui jusqu'à moi-même. Où, sinon, aurait-il dû me conduire ? Aucun disciple ne reçoit de l'extérieur ce qu'il ne porte déjà de toute manière en lui, fût-ce de façon latente, dans son inconscient. Tandis qu'il croit imiter son maître, ce sont ses propres forces qu'il reconnaît et développe. Gide, qui s'est beaucoup intéressé au problème de l'influence, le sait mieux que personne. Voici ce qu'il écrivait :
« Il est bien téméraire d'affirmer que l'on aurait pensé de même sans avoir lu tels auteurs qui paraîtront avoir été vos initiateurs. Pourtant il me semble que, n'eussé-je connu ni Dostoïevski, ni Nietzsche, ni Freud, ni X ou Z, j'aurais pensé tout de même, et que j'ai trouvé chez eux plutôt une autorisation qu'un éveil. Surtout, ils m'ont appris à ne plus douter de moi-même, à ne pas avoir peur de ma pensée et à me laisser mener par elle, puisqu'aussi bien je les y retrouvais. »
Gide fit ainsi pour moi ce que, d'après ses propres dires, Freud, Nietzsche, Dostoïevski, X et Y avaient autrefois fait pour lui : il me donna le courage d'être moi-même. Comme je tiens toutefois à bien le préciser, pour prévenir tout malentendu, il ne s'agit pas ici d'érotisme ; dans ce domaine, justement, je n'avais guère besoin d'encouragements... Ce qu'il avait à m'offrir, ce qui m'attirait vers lui, c'était une autorisation morale et intellectuelle : la légitimation spirituelle de mon agitation, de mes incertitudes subjectives et une façon de leur donner, à travers l'art, une forme objective. Son inquiétude — je le sentais — était aussi la mienne ; mais ce qui n'était chez moi que trouble et détresse obscurs prenait corps dans ses livres et devenait à la fois transparent et plastique : maîtrisé, façonné, ordonné par un esprit créateur souverain.
Son exemple me montrait qu'il est possible de réunir en soi une stupéfiante diversité de traditions et d'impulsions contradictoires sans glisser pour cela dans l'anarchie ; qu'il existe une harmonie au sein de laquelle les dissonances s'accordent sans jamais se résoudre ou s'annuler. Cette harmonie sans cesse en péril, sans cesse reconquise que j'admirais chez Gide, — ne ressemblait-elle pas à l'équilibre spirituel précaire de l'Europe, tel qu'il a évolué à travers les siècles et s'est, toujours et encore, en dépit de toutes les menaces, de toutes les crises, maintenu et affirmé ? Oui, le poète des Nourritures Terrestres, des Caves du Vatican et des Faux-Monnayeurs était à mes yeux Européen par excellence, le représentant et le témoin le plus distingué du destin européen. La tension entre l'Hellade et le christianisme, entre le sentiment romantique et la forme classique, entre la raison et la foi, l'individualisme et les devoirs sociaux, la liberté et la discipline : toutes les grandes antithèses de l'Occident faisaient partie de son drame personnel, il les avait vécues et en avait souffert très profondément. Les valeurs sur lesquelles repose notre civilisation, les problèmes dont elle est née, constituaient la matière même du conflit qui dominait tout son travail de création et qui, en lui, ne s'apaisait jamais.
Connaissait-il une réponse à mes questions ? Proposait-il un programme ? Non, il n'avait jamais que son exemple à offrir, l'exemple de son intégrité et de son courage intellectuels, de sa curiosité et de son amour pour la vérité, de sa patience, de sa fierté, de sa passion, de sa rigueur morale. C'est par lui que j'appris que le savoir et la foi, la connaissance et l'amour ne s'excluent pas l'un l'autre ; car il avait fait l'expérience de tous les abîmes de l'âme humaine (le phénomène du Mal a toujours excité et captivé son intuition psychologique) mais sans jamais pour autant renoncer à sa foi en le Bien chez l'homme, en la perfectibilité de notre nature : plus cet esprit intrépide s'enfonçait profondément dans les ténébreux mystères de l'âme humaine, et plus la lumière de sa sympathie, de son amour lucide brillait, forte et constante.
Son exemple m'a prouvé que l'on peut être le gérant et le représentant d'un grand héritage culturel et en même temps un amoureux du futur, le précurseur et le camarade de générations encore à naître. Aucun écrivain contemporain n'a, plus que Gide, fait siens les biens du passé, transmis par la tradition et la civilisation : il se laissait inspirer par tous les génies de l'Occident qui lui dispensaient leurs présents ; il accueillait tout aussi volontiers le don lumineux de la Grèce que la sombre dot reçue d'ancêtres puritains aux mœurs sévères ; il acceptait avec autant d'empressement l'apport sain et nourrissant de Montaigne que le legs problématique d'un Nietzsche, d'un Dostoïevski ; chez Dante, Shakespeare, Goethe, il trouvait tout autant à apprendre que chez les Maîtres de son propre pays — Racine, Stendhal, Balzac, Baudelaire... Mais quelle serait la valeur d'un héritage qui ne porterait en lui les germes du futur ? Le conservatisme culturel de Gide n'était jamais une fin en soi ; lorsqu'il s'occupait d'hier, c'était toujours en relation avec aujourd'hui et demain. Ce qui a été — il l'a souvent dit — eut pour lui moins d'importance que ce qui est ; mais ce qui est ne le fascinait pas autant que ce qui devient : ce qui pourrait être et sera donc, un jour.
Ce qu'il a gravé dans mon esprit, c'est que chaque individu a reçu en partage sa loi propre qu'il devra sans cesse et toujours interroger et approfondir, et suivre sans cesse et toujours, sans respect des modes et des préjugés, sans compromis. Être fidèle à soi-même, c'est cela seul qui importe. Celui qui se trahit lui-même ne pourra pas non plus servir la communauté, l'ensemble de la société. Plus la personnalité est indépendante et cohérente, plus grande sera la contribution qu'elle apportera au bien général ! Individualisme serviable : c'est en parlant de Goethe que Gide employa cette formule pour la première fois. Ce citoyen du monde de nationalité française trouvait chez son maître allemand cette parfaite alliance de liberté et de sentiment du devoir, cet individualisme, qui s'adapte mais ne se soumet pas et qui peut, grâce, précisément, à son caractère absolu et à son refus des concessions, devenir un élément d'une formidable utilité au service de la société.
L'exemple de Goethe. Bien sûr, il avait toujours été là. Mais on nous l'avait vraiment trop souvent cité : il lui manquait le charme de la nouveauté. Goethe était à mes yeux trop éloigné du monde, trop marmoréen, trop olympien. Gide m'était à la fois plus étranger et plus familier — un contemporain, presque un frère aîné, et cependant si riche de mystères chatoyants. Ne possédait-il pas les vertus qu'il louait chez Goethe ? Sur l'individualisme serviable il y avait, chez ce « frère aîné », beaucoup à apprendre. Et bien d'autres sujets de fascination venaient s'ajouter à cela.
Gide me semblait d'autant plus propre à servir de modèle qu'il ne cherchait manifestement pas à jouer ce rôle. Il était loin de poser au magister ; en dépit de toute grandeur, il restait en proie à ses problèmes, toujours insatisfait, toujours en quête. Mais c'est justement en ne s'immobilisant jamais qu'il se trouvait ; en se transformant, qu'il obéissait à sa propre loi.
Il a pu m'arriver, en des instants d'ambition naïve et inconsidérée, de souhaiter ressembler un jour le plus possible à cette personnalité authentique, inimitable — André Gide. Mais plus j'apprenais de lui et plus la vanité d'une telle aspiration me devenait évidente. Être semblable à un autre ? Ce n'est pas à cela qu'il nous exhorte. Bien au contraire, le conseil qu'il donne, dans les Nouvelles Nourritures, à son ami et disciple imaginaire, vaut pour chacun de nous :
« Ne te fie à personne, n'écoute que la voix de ta propre conscience ! Sois sincère, surtout envers toi-même ! Cherche à découvrir ton être propre ! Suis ta propre route ! Deviens qui tu es ! »
Klaus Mann, Le Tournant, chap. VII, 
À la recherche du chemin (1928-1930), pp. 298-305
 traduction française de Nicole Roche, Solin, 1984 

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* André Gide and the Crisis of Modern Thought, 1943, André Gide et la crise de la pensée moderne, Grasset, 1999

samedi 28 octobre 2017

Escales africaines, voyage sonore sur les pas de Gide


Après les Nourritures terrestres, c'est le Voyage au Congo qui inspire deux artistes, le plasticien sonore Hughes Germain et le percussionniste burkinabé Oua-Anou Diarra. "Les notes des instruments traditionnels se mêlent à l’électronique, les sons enregistrés « là-bas » se déforment et deviennent musique, les images du début du siècle résonnent avec celles d’aujourd’hui… Dans ce concert, le duo interroge en musique l’expérience du voyage, celle qui déforme le temps, celle qui alimente le récit du voyageur, celle qui nous éloigne pour mieux nous révéler…" Et l'illustre par des extraits du Voyage au Congo, version journal de bord de Gide et version filmée par Marc Allégret.

Plus d'informations sur le site de la Coopérative artistique 109





Gide face aux sciences humaines et sociales





André Gide face aux sciences humaines et sociales

Journée d’étude franco-italienne

2 novembre 2017

Lieu : salle Gaetano Liccardo, Vialle Ellitico 31, Caserta

Programme :

9h Accueil des participants : Gian-Maria Piccinelli (Directeur du Département de Sciences politiques "Jean Monnet")
9h30 Ouverture (Anna Soncini, Università di Bologna; Carolina Diglio, Università di Parthenope)

9h45 – 11h Présidence de séance : Anna Soncini (Università di Bologna)

9h45 – 10h15 Pierre Masson (Université de Nantes) Gide, Lévy-Bruhl et les noirs

10h15 – 10h45 Jean-Michel Wittmann (Université de Lorraine) Gide entre Darwin et le darwinisme social

10h45 – 11h Discussion

11h – 11h15 : Pause

11h15 – 12h30
Présidence de séance : Rosanna Gorris Camos (Università di Verona)

11h15 – 11h45 Paola Codazzi (Università di Bologna, Université de Haute-Alsace) Gide et le droit familial

11h45 – 12h15 Riccardo Benedettini (Universita di Verona) Qu’est-ce que la vérité ? Gide et ses Souvenirs de la Cour d’assises

12h15 – 12h30 Discussion

12h30 – 14h30 : Déjeuner

14h30 – 16h30 Présidence de séance : Pierre Masson (Université de Nantes)

14h30-15h Stéphanie Bertrand (Université de Lorraine) Le traité gidien, au carrefour des savoirs et des disciplines scolaires

15h-15h30 Carmen Saggiomo (Università della Campania “Luigi Vanvitelli”) Gide face à Dostoïevski : entre le maudit et le bonheur

15h30-16h Angelo Zotti (Università della Campania “Luigi Vanvitelli”) Lafcadio et la valeur de l’autoréalisation à tout prix

16h-16h30 Discussion et conclusion

Comité scientifique :
Rosanna Gorris Camos, Professoressa ordinaria, Università di Verona
Pierre Masson, Professeur émérite, Université de Nantes
Peter Schnyder, Professeur émérite, Université de Haute-Alsace
Anna Soncini, Professoressa ordinaria, Università di Bologna

Organisateurs :
Università della Campania “Luigi Vanvitelli”, Caserta, Dipartimento di Scienze politiche “Jean Monnet”
Université de Lorraine, Centre Écritures EA 3943
Association des Amis d'André Gide
Fondation Catherine Gide

Le petit tourne-vices de Gide


Lundi 30 octobre à l'Hôtel Ambassador passe aux enchères la correspondance Elie Faure, déjà annoncée ici. Le premier catalogue Alde ne comportait que 131 lots (voir ici). Une deuxième version (voir ici) en compte désormais 312, avec parmi les nouveaux lots un très intéressant manuscrit autographe de 6 pages de souvenirs de Jean Cocteau.


Dans ces pages, Feu l'artifice, comme on surnomma Cocteau après sa mort, règle quelques comptes avec ses amis dadas, et avec Gide : « Pour me déboulonner, le petit tourne-vices de Gide ne suffisait pas. » Cocteau explique aussi comment Gide « soudain choyé par des jeunes [...] se sentait si loin de nos groupes qu'il m'avait prié d'instruire son jeune neveu Marc. Ma bibliothèque, me dit-il, l'assomme. Éclairez-le sur ce qui se passe de neuf. Tâche dont je m'acquittais avec fruit, puisque Marc, à travers toutes les manœuvres de son oncle, m'est toujours resté fidèle. »





Lot 211 - COCTEAU (Jean)
Manuscrit autographe. 6 pp. in-folio d'une fine écriture.

Longs souvenirs évoquant les années 1918-1920, la publication de ses ouvrages Le Cap de Bonne-Espérance et Le Coq et l'arlequin, ses relations houleuses avec Gide (« Pour me déboulonner, le petit tourne-vices de Gide ne suffisait pas »), Breton, Aragon, Soupault, Picabia, le mouvement Dada, Cendrars, Jacob, Adrienne Monnier, Radiguet, Reverdy, Salmon, Satie, Valéry, les revues Littérature, Nrf, Les Écrits nouveaux...

« ... Le lendemain, je reçus de Breton une lettre. Il demandait à réentendre Le Cap. "Rendez-moi votre amitié", finissait-il, "je saurai m'en montrer digne". Je me laissai prendre. Je rendis l'amitié. Je ne refusai pas de voir mon nom au sommaire. Je leur donnai une étude sur le Socrate de Satie. Comme récompense, ils me fâchèrent avec Satie qui fréquentait alors chez Monnier, ou du moins envenimèrent une de ces querelles fréquentes entre Satie et moi. De ce jour, ils cherchent par tous les moyens à me nuire. Un article de moi ayant paru où j'annonçais Littérature et parlais de leur don, le mot don exaspéra le jeune Aragon qui m'écrivit une lettre d'insultes. Ils firent de moi une espèce de machine infernale à brouiller le monde. Vint le dadaïsme. Habiles à sauter en croupe de ce qu'ils imaginent aller le plus vite, faire parvenir le plus vite, ils sautent en croupe de ce Dada.

Les mystifications de Jarry se transposent. Ils écrivent des lettres anonymes. Accusent ceux qui les reçoivent de les avoir écrites. Inventent toute une trame ignoble qu'ils cachent sous des airs dignes et des fausses accusations. Sur une grande échelle ce serait le régime de la Terreur. Sur cette échelle, c'est le régime de la pitié, du collège, de l'Oscar Wildisme moderne. Souvent Breton a feint de se réveiller, de me tendre la main. Je le croyais. C'était simplement le préparatif d'une nouvelle farce. Sitôt en croupe de Dada, ils prétendent que leur culte de Gide n'était qu'une manière de le bafouer. Ils le disent à Picabia qui me le répète, mais ils continuent les caresses à Gide et s'introduisent à la Nouvelle revue Française où ils amènent un désordre sans fraîcheur. Mais pourquoi m'étendre. Je ne connais pas de spectacle plus triste que celui de la jeunesse sans amour et sans clairvoyance. Tous ces groupes se réunissaient pour reconnaître en Raymond Radiguet une jeune prodige.
On lui enseignait à me mépriser. Il me connut, m'aima, méprisa les autres. C'est ma revanche. Elle me suffit... »

Estimation : 1 000 € / 1 500 €

BAAG 195/196





Le Bulletin des Amis d’André Gide, cinquantième année n° 195/196, automne 2017, vient de paraître.


Au sommaire :



- Autour des Faux-Monnayeurs - 4e Journées Catherine Gide au Lavandou :

  • Pierre MASSON : Gide avant Les Faux-Monnayeurs
  • Christine LIGIER : La marche vers le roman
  • David WALKER : Dimension morale et roman d’apprentissage
  • Pierre MASSON : L’univers symbolique des Faux-Monnayeurs
  • David WALKER : Les Faux-Monnayeurs, critique du roman
  • Christine LIGIER : Le Journal des F -M, construction d’une pratique romanesque
  • Suzanne JONCHERAY: L’image des F -M dans les manuels scolaires
  • Klaus WEBER : Trois temps de lecture des F-M
  • Contributions d’élèves de Terminale

- Maryvonne de SAINT PULGENT : Les Treilles, Gide et la musique

- Jean-Pierre PRÉVOST : livret de l’opéra Les Faux-Monnayeurs
- Alain GOULET : réflexions sur Les Faux-Monnayeurs

- Jean-Michel WITTMANN: Les Caves du Vatican comme congrès de sociologie
Il s'accompagne de André Gide et la seconde guerre mondiale. L'Occupation d'un homme de lettres, de Jocelyne Van Tuyl. Une traduction française (par l'auteur lui-même) de cet essai très intéressant sur les écrivains en temps de guerre, en particulier Gide et sa complexité tant en matière politique qu'éditoriale pendant et après la seconde guerre mondiale.